© Codage de base By Reira sur LG

Identity Card PERSO Nom: Holden   Prénom: Ivy   Age: 22 ans  Sexe: A définir *Hey mais j'suis une femme !*  Nationalité: Anglaise  Dans la société je suis:Civile   Métier: Etudiante, assistante dans le département Littéraire   Élémentaire ?: Oui, d'Eau  Particularité: Ivy a un tatouage au poignet, de fines arabesques qui rappellent des vagues et qui forment comme un bracelet, ainsi qu'un autre : une petite rose avec ses épines. En tant qu'élémentaire d'eau, elle a des capacités toutes particulières liées à son élément. Elle aime user de son pouvoir pour se détendre, en particulier en créant des formes avec l'eau. Derrière l'écran  Prénom(surnom): Charlie (Ouais c'est Momo mothafuckaz xD)  Age: 22 ans bientôt   PUF: PikaCHU~  Comment es-tu arrivé(e) ici ?: C'est ma femme qui m'a trainée par les cheveux jusqu'ici ! Je t'aime chéwie   Codes: [M est passée par là ]

Apparence
I'm what I am

Ivy est une poupée. Une peau de porcelaine, de grands yeux verts et une bouche pulpeuse délicatement rosée : la jeune fille est une beauté douce, aux traits fins. Elle possède un petit nez mutin, constellé de tâches de rousseur qui lui donnent un air juvénile, contrastant ainsi avec le regard profond qui transpire l'intelligence et la maturité. Son visage est encadré de cheveux longs, d'un brun tantôt très clair tantôt foncé et légèrement ondulés au naturel. La jeune anglaise est plutôt petite, sans pour autant se démarquer des autres. Elle n'est pas maladroite, seuls ses mouvements le sont, comme si elle n'était à l'aise à l'étroit dans son corps. Sa taille fine est souvent mise en valeur pour compenser ce qu'elle considère être une petite poitrine. Sans avoir de style bien défini, Ivy préfère toutefois des vêtements dans lesquels elle se sent à l'aise, ce qui n'exclut pas pour autant les robes. Enfin, elle arbore en plus de celui au poignet un petit tatouage dont elle ne révèle la position à personne. Une petite rose rouge avec ses épines que seuls ses rares amants ont vu.

Personnalité
I am just myself

Il est impossible de décrire précisément qui est Ivy en un seul mot, ou alors il faudrait en inventer de nouveaux. Elle a un caractère agréable et charmant, toujours prête à faire plaisir. C'est une jeune fille qui a grandit dans la ville de Hastings dans le Sussex de l'Est, à un peu plus de 80 kilomètres de Londres. Issue d'une famille traditionnelle, elle a des valeurs simples et sait se conduire comme il se doit en toute circonstance. Le flegme anglais qui pourtant caractérise bon nombre de ses compatriotes semble avoir laissé place à un comportement un peu plus américain. Elle reste bien entendu une jeune femme douce et avenante, un brin perfectionniste, mais il lui arrive de se montrer particulièrement menaçante lorsque l'on s'attaque à ce(ux) qu'elle aime. Mais c'est tout ce que sa scolarité à Columbia lui a transmis d'américain... Ça et peut-être un goût certain pour la fête. Elle n'est pas exubérante, seules peut-être certaines de ses habitudes et manies le sont. Celles-ci font d'ailleurs parfois sourire les personnes qu'elle connaît.

Mes goûts
I love it so!

Si l'on devait commencer par les évidences, alors l'on dirait qu'Ivy aime le thé, lire, passer du temps avec ses amis. Mais elle aime aussi les défis, jouer avec ses dons simplement parce qu'elle le peut. Pourtant elle n'aime pas se servir de ses pouvoirs contre les autres. Elle est avant tout une théoricienne, et sa magie elle n'en use qu'en cas de nécessité. La jeune femme n'aime non plus qu'on la prenne pour une petite fille sage. Si c'est certes l'image qu'elle renvoie, celle-ci est pourtant bien loin de la réalité. Le proverbe « Il faut se méfier de l'eau qui dort » n'a jamais été plus justifié dans le cas de l'anglaise.

Mon Histoire
My past is mine.

«L'eau seule est éternelle»

« ...This is how it works... »

Ce n'était pas leur premier enfant. Le couple Holden avait déjà connu le bonheur de devenir les parents d'un petit Spence Robin deux ans plus tôt. Ils savaient que leur fils était heureux, qu'il était un petit garçon en bonne santé. Mais ils avaient pourtant la même angoisse lorsque les deux époux poussèrent les portes de l'hôpital ce jour-là. Et si leur fille était en mauvaise santé malgré ce que leur avaient assuré les médecins? Et si il arrivait quelque chose pendant l'accouchement ou même après? Alice tenait son ventre avec la plus grande délicatesse, l'entourant de ses bras comme un bouclier prêt à protéger son précieux contenu contre le monde entier. John tenait sa femme d'un bras tout en cherchant un médecin, une infirmière, quelqu'un pour l'aider. Les contractions se firent plus douloureuses encore, et plus rapprochées. Quand enfin deux infirmiers leur présentèrent un brancard, John aida son épouse à s'installer dessus avant de suivre le petit groupe à la trace.

Le cœur battant la chamade, il tenait fermement la main d'Alice. Une Alice en sueur, hurlant de toutes ses forces et lui broyant littéralement les doigts. Le visage tordu de douleur de sa femme lui fit oublier un moment la raison de leur présence dans cette salle de travail. Seul le souvenir de souffrances passées était présent. Ils avaient souffert de l'ignorance des autres, tellement souffert. Mais avant qu'il n'ait eu le temps de repenser davantage à leurs combats d'antan, un cri déchirant se fit entendre.

Sauf qu'Alice n'avait pas crié.

Un coup d’œil en direction des sage-femmes lui permit d'apercevoir un pied minuscule tandis que l'on couvrait l'enfant pour la présenter à sa mère. Le nouveau-né hurlait de toutes ses forces mais sembla se calmer sitôt posé sur sa mère.

''C'est une magnifique petite fille ! Comment allez-vous l'appeler ?''

John regarda avec émotion ce petit être que sa femme avait si bien protégé. Sa première fille. Son petit miracle. Une pensée terrible lui vint alors : celle de la vie et de la mort. Combien de temps s'écoulerait avant que ce petit être, sa petite perle, ne souffre de la vie ? Combien de temps avant qu'elle finisse par succomber à sa dure réalité ? Mais ils étaient là, ils étaient une famille. C'est comme cela que cela marchait. Sa femme pleurait et riait en même temps, jouant avec les petites mains de l'enfant alors que la sage-femme attendait, un feutre dans une main et un bracelet dans l'autre.

''Ivy Olivia Holden.''

« ...You're young until you're not... »

Grandir à Hastings avait été une bonne chose pour Ivy. Elle qui appréciait particulièrement les panoramas et la mer, elle était vraiment chanceuse de vivre dans une ville qui offrait les deux. La famille Holden possédait une petite maison dans la partie haute de la ville. Le quartier était agréable et amical. Les enfants étaient nombreux et tous avaient fait leur scolarité ensemble, et ce depuis la petite école. Les promenades en vélos, les descentes en skate ou encore les parties de cache-cache dans les rues résidentielles : tout autant de souvenirs que la jeune anglaise chérirait toute sa vie. Mais ce qu'elle aimait par dessus tout, c'était se rendre tout en haut de la colline, dans les ruines d'un ancien château qui surplombait Hastings. De là, elle avait une vue imprenable sur la ville en contrebas qui faisait face à la mer. Il y avait toujours du vent sur la falaise, mais le spectacle et le sentiment de paix et de liberté que l'on ressentait là-haut méritaient que l'on affronte les bourrasques.

Ivy avait onze ans lorsque sa mère accoucha d'une petite fille. On avait cru jusqu'au bout que l'enfant était un garçon aussi ils changèrent le nom qu'ils lui avait choisi au dernier moment, passant de Kay à Kayleigh. Elle n'avait jamais compris cette volonté qu'avaient ses parents de les affubler de prénoms pareil. Spence s'en tirait plutôt bien, mais Ivy attisait encore la curiosité de certains de ses camarades. Quant à Kayleigh... Disons simplement qu'elle a très vite pris l'habitude de se faire appeler Kay. La fratrie Holden était très unie, toujours en train de passer du temps ensemble.

Alice et John n'avaient jamais caché à leurs enfants les capacités incroyables qu'ils possédaient. Ils n'avaient pas de secrets entre eux et très vite leurs enfants prouvèrent qu'ils avaient hérité des dons de leurs parents qui leurs apprirent vite qu'ils devaient arrêter de s'en servir en dehors de chez eux. Plus jeune, le couple avaient souffert de l'erreur qu'ils avaient commise en parlant de leur don à leur entourage, il leur fallait protéger leurs enfants de ça.

''Concentre-toi Spence, regarde faire ta sœur.''

Comme pour illustrer les paroles de son père, Ivy plissa les yeux et murmura un mot si bas que personne ne le comprit et le livre en face d'elle se mit à léviter. D'un air satisfait, elle regarda son frère comme pour le défier de faire mieux. Spence fronça des sourcils et dit avec force et impatience:

''Mais ce n'est pareil papa ! Elle a des pouvoirs en plus : n'importe qui saurait le faire !''

Il offrit un sourire narquois à sa cadette qui semblait indignée. Malgré tout elle savait que son frère ne faisait que la taquiner. Il avait du mal avec ce sort et John était sans cesse en train de le reprendre aussi elle ne lui en tint pas rigueur. Après tout elle restait sa petite sœur.

Les années passèrent et Ivy décida qu'elle voulait étudier en Amérique. Elle avait droit à une bourse pour Columbia et ne comptait pas refuser une occasion pareille d'étudier dans une université aussi prestigieuse. Spence lui, passait son temps entre perdre tout son argent au jeu et faire des jeux de mots ridicules sur Ivy qui étudierait dans une université de l'Ivy League. Kay ne voulait pas que sa grande sœur parte loin d'elle, mais toutes ses crises d'enfant firent place à la compréhension naïve. Elle était trop jeune pour vraiment réaliser. Alice et John avaient commencé par lui interdire de partir.

Ils avaient tous peur, Ivy aussi. Mais elle était sans doute la mieux préparée de la fratrie et prête à affronter le monde. Trop longtemps ils avaient vécu dans la crainte de ce qui pourrait leur arriver, à présent la jeune anglaise voulait faire plus, prendre les devants. Si elle voulait avoir une chance de se sentir normale, il lui fallait reprendre une vie normale. Alors Alice et John avaient soupiré, ils avaient lentement hoché de la tête et pris leur fille dans leur bras. Lorsqu'Ivy monta dans son avion, elle ne pu s'empêcher d'avoir un pincement de cœur à l'idée de quitter son île pour la première fois, et toute seule. Mais elle n'était plus une enfant, elle devait suivre sa voie et laisser derrière elle sa falaise.

« ...You love until you don't... »

Columbia fut l'expérience la plus excitante de sa jeune vie. Ivy arriva au campus avec la ferme intention de passer la journée à s'installer avant de peut-être s'installer avec un bon livre mais lorsque de sa fenêtre elle aperçut l'immense bâtiment qui faisait office de bibliothèque du département de Littérature, il ne lui fallut qu'une dizaine de secondes pour poser ses bagages pêle-mêle sur son lit avant de repartir. Le soir même, lorsqu'enfin elle se rappela qu'elle avait du rangement à effectuer, la jeune anglaise retourna dans sa chambre pour la trouver occupée par une grande brune au sourire magnifique.

''Salut, je suis Ruby, ta colocataire. Je me disais bien que ces sacs n'étaient pas arrivés là tout seuls !''
''Oui, désolée. Je suis allée visiter et j'ai perdu la notion du temps...''
''Ne t'inquiète pas je connais. Tu es anglaise ?''

Ivy sourit d'un air qui voulait dire 'prise en flagrant délit'. Elles ne parlaient pas depuis deux minutes que déjà son accent la faisait remarquer... Ruby se mit à rire.

''Pas la peine de rougir, je trouve ton accent adorable !''
''Si tu le dis. Je m'appelle Ivy.''
''Orignal ton prénom, très joli. Bon allez, fais ton lit et sors les vêtements les plus canons que tu as : les SigmaNu organise une fête ce soir et toi et moi on y va !''

Ivy regardait sa colocataire d'un air incrédule. Elle se demanda un instant si la jeune femme ne sortait pas directement d'une de ces séries télévisées sur la jeunesse américaine. Puis elle se mit à sourire : elle méritait de sortir après tout.

Il ne fallut pas dix minutes aux jeunes femmes pour investir totalement la chambre. De nombreux vêtements pendaient dans l'armoire grande ouverte, mais quelques uns s'étaient retrouvés éparpillés sur les lits. Des produits de beauté en tout genre s'alignaient sur chacun des deux bureaux en attendant d'être rangés sur les étagères. Lorsqu'enfin les deux femmes furent prêtes elles se rendirent vers la résidence SigmaNu bras dessus-dessous comme si elles se connaissaient depuis toujours.

Ce fut une soirée mémorable, et le début d'une grande amitié. Ivy et Ruby étaient inséparables et leur colocation était la plus harmonieuse possible. La jeune anglaise avait également rencontré quelqu'un. Lawrence, un étudiant en politique. D'abord amis, ils devinrent bientôt davantage.

''Tu sais, un jour on arrivera à l'heure... Mais ce sera pas aujourd'hui.''
''Calme-toi Ivy. Tu les connais, ils ne vont pas s'inquiéter parce qu'on a un quart d'heure de retard !''
''Non, ils vont juste penser que nous sommes en train de faire pleins de petits Pierce. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant : ils semblent déjà croire que nous sommes de vrais lapins !''
''D'accord on a été souvent en retard dernièrement, mais je vois pas pourquoi ce qu'ils pensent te préoccupe à ce point.''
''... Parce que ce sont tes parents, Lawrence !''
''Bon qu'est-ce qu'il se passe ? Tu adores aller là-bas d'habitude, même quand tu sais que tu vas devoir supporter les remarques de ma mère et les coups d’œil appuyés de mon père.

Elle savait qu'elle était égoïste bien sûr. Elle réalisait qu'elle se comportait mal, qu'elle avait pris la mauvaise décision. Mais Ivy savait que si elle ne la prenait pas, c'est Lawrence qui la prendrait et ce beaucoup trop tard pour sauver leur amitié.

Alors elle lui dit. Elle lui dit qu'elle ne voulait plus, elle lui dit qu'elle ne pouvait plus. Elle lui dit que c'était mieux d'en parler maintenant, elle lui dit que c'était mieux d'arrêter. Elle lui dit qu'il ne l'aimait plus, qu'elle le savait, qu'elle non plus. Elle lui remit ses clés, et lui reprit les siennes.

Ce n'était même pas déchirant, seulement pathétique.

Ce soir-là, Ivy et Ruby s'enfermèrent dans leur chambre pour une soirée pop-corn/vieux films alors que Lawrence buvait un verre avec ses amis de SigmaNu.

« ...You try until you can't... »

''Bien, j'oublierai que beaucoup sont en arrivés en retard si vous oubliez que je suis arrivé le dernier...''

Des rires fusèrent dans la salle. Ivy se sentit sourire, amusée de voir comment leur nouveau professeur débutait les cours. Il semblait à l'aise, elle avait de la chance : peut-être que son cours n'était pas aussi ennuyeux que ce que le descriptif laissait entendre. Le professeur, qui semblait approcher la quarantaine, arborait un large sourire entendu. Ses yeux sombres balayaient la salle, sans doute pour avoir un aperçut de ses étudiants du semestre. Ivy prit un stylo pour pouvoir prendre des notes.

Le cours passa à une lenteur caractéristique d'un ennui presque mortel. La première heure n'était pas encore terminée qu'elle devait déjà s'empêcher de bailler. Le professeur Moore lançait de temps à autre des commentaires bien placés mais lui même semblait ne pas être passionné par les licences poétiques créées au XIXème siècle. Un coup d’œil au rang de devant lui confirma que même les plus sérieux n'écoutaient plus. Ils s'agitaient. Trop, beaucoup trop. La brunette fixa son regard sur l'écran de l'ordinateur de l'un d'eux où les dernières informations s'affichaient. Il y était question d'un scientifique qui, en seulement une conférence de presse, avait mis à mal le secret le mieux gardé de tous. Celui de leur existence, à elle, sa famille et toutes les autres créatures.

Elle ne réussit pas à entendre la fin de la leçon.

''Alors ton cours ?''
''Il n'y a pas de mot pour qualifier ce qui s'est passé...''

Ruby éclata de rire. Ivy pourtant n'en avait pas envie. Elle avait tenté de se calmer, de se dire que personne n'y croirait, qu'on le prendrait pour un fou. Mais elle n'était pas stupide, toutes les créatures n'étaient pas aussi passives que la famille Holden et très vite il arriverait quelque chose à cet homme. Alors on se poserait des questions, beaucoup de questions. Depuis toujours elle avait l'habitude de vivre sereinement, sachant que personne ne se douterait jamais de ce qu'elle était. Même si elle n'usait presque jamais de son don, c'était en elle, c'était elle. Mais à présent ? Devrait-elle arrêter définitivement de s'en servir, même seule ?

Avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre à cette question, quelqu'un lui rentra dedans, l'envoyant directement dans les bras de Ruby. Normalement elle n'aurait pas réagi, du moins pas avec animosité, mais les choses n'étaient pas vraiment normales. Ivy s'apprêtait à dire sa façon de penser à son agresseur lorsque celui-ci prit la parole:

''Vraiment désolé ma chère, je ne vous avais pas vue.''
''Ce n'est rien monsieur Moore...''

Sean Moore lui adressait un sourire crispé. Après s'être assuré que tout allait bien, il reprit sa route. Lorsqu'il fut suffisamment loin pour ne pas entendre, Ruby demanda:

''Attends, c'est ça ton prof ? Mais c'est carrément pas juste : pourquoi les tiens sont littéralement comestibles alors que les miens ont dépassé la date de péremption d'un ou deux siècles ?''
''La vie est injuste, Ruby...''

Ivy n'écouta qu'à moitié le monologue dans lequel s'était lancée son amie. L'annonce du scientifique la perturbait toujours. Quelques jours plus tard, la famille Holden appela la résidence pour savoir comment leur fille aînée prenait la chose.

Il fallut un peu de temps à Ivy pour s'habituer. Elle utilisait quotidiennement son pouvoir et de ce fait elle en était très affectée. Elle se sentait en manque. C'était étrange comme sensation, un vide en elle-même, là où son pouvoir se trouvait. Elle avait ignoré qu'une place pareille existait, et voilà qu'elle ne pouvait rien faire sans la sentir désormais. Les Holden avaient toujours vécu avec leurs dons, aussi la jeune femme ne pouvait s'empêcher de penser que ne s'en servir revenait à ne plus en avoir. Alice et John avaient mis un point d'honneur à enseigner à leurs enfants qu'ils n'étaient pas des monstres, qu'ils devaient simplement apprendre à se contrôler. Seulement, se contrôler et s'en passer étaient deux choses différentes. Mais il s'agissait là non pas seulement de sa sécurité, mais aussi de celle de ceux qu'elle aime. Alors, tout comme elle avait vécu avec jusque là, Ivy avait décidé que ce n'était pas si mal non plus de faire sans...

« ...You laugh until you cry... »

''Je suis très sérieuse ! Sa grand-mère a littéralement dragué mon frère !''
''Ah, c'est si beau. Peut-être le début d'une longue et belle idylle ?''
''Ew ! C'est dégoûtant Lawrence ! En plus d'être vieille elle est tellement snob : elle se croit au dessus de tout le monde, comme si on ne méritait même pas d'être piétinés par ses affreuses chaussures beiges.''
''Et tout le monde sait que la couleur des chaussures est un détail de vitale importance...''
''Ivy, si cette femme était juive, son nom de famille serait Iceberg !''
''Et ça c'était particulièrement raciste en plus d'être drôle...''

Ivy tentait de cacher son rire en buvant sa limonade tandis que Lawrence riait ouvertement. Les histoires de famille de Ruby étaient leur préférées en grande partie parce qu'elle les racontait d'une façon bien à elle.

Tout était revenu à la normale pour Ivy. Ce qui signifiait, paradoxalement, qu'elle-même ne l'était plus. Normale... Elle avait réagit de manière excessive et avec le recul s'en était rendu compte. Elle le savait, c'était tout. Mais il lui avait fallu réapprendre à s'en servir avec modération. Il lui avait été plus facile de s'en passer que de le récupérer. Au début elle faisait les mêmes exercices que quand elle était enfant, mais sans ses parents avec elle pour l'aider ce n'était pas une mince affaire.

Et un jour tout alla mieux. Elle n'a jamais su d'où cela venait, seulement qu'après un jour de cours tout à fait ordinaire elle n'avait plus besoin de sa dose de magie comme un drogué de sa dose de poudre. Elle discutait de son essai avec un professeur autour d'un café et d'un coup, sans se l'expliquer, elle sentit qu'elle maîtriserait mieux son don désormais. Beaucoup mieux, et même davantage qu'avant la perte de pouvoir.

Alors les choses étaient redevenues comme avant. Elle riait avec ses amis, discutait de tout et de rien sans se soucier de quoi que ce soit d'autre.

''Eh bien quel vacarme ! Ce doit être une histoire vraiment très drôle.''
''Monsieur Moore ?''

Ivy était surprise : croiser son professeur au bar étudiant du coin de la rue n'était pas exactement ce qu'elle avait prévu. Malgré tout elle lui offrit son plus sourire et s'apprêtait à le saluer correctement lorsque Ruby prit la parole:

''C'est l'ambition de toute une vie : un jour je ferai rire le monde entier !''
''C'est un projet louable.''
''Ça le serait si c'était vrai, mais sa seule ambition est de trouver un étudiant en médecine pour jouer au docteur ce soir !''
''Je vous présente Ruby et Lawrence, deux futurs ex-amis particulièrement distingués et politiquement corrects... Et voici le professeur Moore qui enseigne au département de Littérature.''

Lawrence se décomposa sur place tandis que Ruby se moquait de lui. Moore en profita pour s'adresser à son étudiante:

''Que voulez-vous ma chère, tout le monde ne peut pas hériter de la dignité britannique.''
''Ou de dignité tout court...''

Ils échangèrent un sourire entendu pendant que Ruby donnait un coup de pied à Lawrence. L'ayant ainsi calmé, elle proposa à l'enseignant de s'installer avec eux, ce qu'il refusa poliment avant d'expliquer qu'il ne pouvait pas rester longtemps mais qu'il avait une proposition à faire à Ivy. Les joues rougies du double-sens dans ses paroles – que Ruby ne manquerait pas de relever après qu'il soit parti – la jeune anglaise leva un sourcil interrogateur à son professeur.

''En fait l'administration m'a proposé un poste plus en rapport avec ma spécialité dès le semestre prochain. L'ennui, c'est que pour assurer tous mes cours et en même temps avoir du temps pour mes recherches, j'aurai besoin d'un ou une assistante pour m'aider un peu. Avec vos notes et votre tendance à passer plus de temps à la bibliothèque que chez vous, je me suis dit que peut-être vous seriez intéressée ? Bien sûr vous recevrez un salaire décent, sans compter quelques avantages réservés habituellement aux enseignants.''
''Je... Je ne sais pas vraiment quoi dire. Merci, vraiment, je suis heureuse que vous ayez pensé à moi. Mais je ne sais pas, ça doit demander vraiment beaucoup de temps...''
''Écoutez je vais être franc avec vous : on m'a donné le choix entre quelques étudiants, et les deux seuls qui semblent avoir le niveau sont vous et Ruben Carson. Ce garçon n'a absolument aucun avenir dans les lettres, et sincèrement vous êtes de bien meilleure compagnie. Vous devriez y réfléchir. Je vais vous laisser maintenant, avant que vous ne refusiez le poste. Bonne soirée à vous trois.''

Sous l’œil effaré d'Ivy et amusé de Ruby et Lawrence, l'enseignant sortit du bar. Elle sentit davantage qu'elle ne vit son amie ouvrir la bouche et lui fit signe de la main avec qu'elle n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit:

''Non, tais-toi.''

L'américaine sembla bouder, mais Ivy n'y prêta pas attention : son téléphone s'était mis à vibrer, et le numéro était celui de chez elle. Elle s'étonna, ordinairement ses parents téléphonaient le week-end pour ne pas être trop embêtés par le décalage horaire. Fronçant les sourcils elle décrocha. A l'autre bout du fil, elle entendait des pleurs...

''Ivy...''

Lorsqu'elle raccrocha, ses deux amis la fixaient, inquiets. Elle avait pâli, d'un coup comme s'il elle allait faire un malaise. Ils avaient été surpris de l'entendre bredouiller, elle qui d'habitude s'exprimait avec une éloquence des plus agaçantes. La jeune anglaise n'avait même esquissé aucun geste pour nettoyer sa limonade qu'elle avait reversé d'un mouvement brusque. Ses grands yeux verts semblaient manger son visage tant ils contrastaient avec sa pâleur fantomatique.

Puis elle fut prise de tremblements, des tremblements si violents que ses amis crurent d'abord à une attaque. Elle pleurait, elle parlait et criait en même temps. Ivy mit quelques minutes à se calmer, le temps pour Ruby de l'emmener à l'extérieur pendant que Lawrence payait. L'américaine berçait son amie en attendant patiemment qu'elle lui explique, mais la jeune femme pleurait toujours.

« ...You cry until you laugh... »

Le soleil brillait sur la colline. Le cimetière était placé non loin de la falaise qu'Ivy aimait tant étant enfant. De là où ils étaient, les proches d'Alice et John Holden pouvaient voir la mer briller sous les rayons du printemps. Quelques oiseaux chantaient non loin, et le temps particulièrement clément cette année-là avait permis à de nombreuses fleurs d'éclore. Le tout donnait un spectacle magnifique aux endeuillés. Ivy pensa à Charles Nodier, à comment il avait décrit une journée comme celle-ci dans La Fée aux miettes : « Jamais le jour n'avait été si beau. La nature ne porte pas le deuil de l'innocent ».

Elle avait les mains sur les épaules de Kay qui sursautaient à chaque pleur. A sa droite, Spence se tenait droit, les yeux sur les cercueils, un bras autour d'Ivy. Enfin, Ruby qui avait fait le trajet avec elle pour la soutenir, avait une main posée sur le haut de son bras gauche.

Après l'enterrement chacun vint présenter ses condoléances aux orphelins. Le mot n'aurait jamais pu être davantage justifié car leurs parents morts, ils n'avaient plus aucune famille sur qui compter. Il leur fallut des jours pour tout organiser avec l'aide de quelques uns des amis des défunts. Des jours qui passèrent sans se graver dans la mémoire d'Ivy semblait-il. Elle se souvenait des pleurs, des cris, des disputes, mais le tout était enveloppé dans un brouillard si épais qu'elle était incapable de se souvenir de quoi que ce soit avec précision. Spence était parti, emportant avec lui sa part de l'héritage.

Sans un mot, il avait abandonné ses sœurs.

Il fallut plusieurs semaines pour que Kay soit mise sous la tutelle de son aînée. Cette-dernière avait demandé à Ruby de retourner à Columbia pour lui faire envoyer toute sorte de justificatifs et autres documents. Les deux filles Holden s'étaient retrouvées seules pour la première fois de leur vie. Lorsqu'enfin elles purent partir toutes les deux à New York, elle le firent le plus rapidement possible.

Le professeur Moore avait raison, le poste d'assistante comportait de nombreux avantages. Parmi ces traitements de faveur, un en particulier permit à la brunette d'obtenir un appartement dans la résidence des employés suffisamment grand pour accueillir les sœurs Holden et une troisième personne si Ruby ou Lawrence devaient baby-sitter trop tard pour repartir les soirs où Ivy devait travailler. L'américaine demanda même à être transférée dans la résidence étudiante la plus proche pour pouvoir aider davantage.

Et la vie reprit son cours.

Kay s'habituait doucement à sa nouvelle vie, plus rapidement que sa sœur. L'aînée avait du mal à trouver du temps pour elle entre les cours, les devoirs de tutrice et son travail d'assistante. Le professeur Moore se montrait compréhensif la plupart du temps, mais il avait tout de même beaucoup d'exigences. Et puis un jour les sœurs Holden eurent le temps de manger dehors. Ou d'aller au cinéma. Et avant la fin de l'année scolaire, elles avaient enfin du temps pour se retrouver, pour s'amuser.

« Caquetez comme une poule. »
« Quoi ? »
« Cette chose-là m'excite. »

Ivy, Kay et Ruby tentèrent de calmer leurs rires devant la blonde qui s'était mise à caqueter. Elles regardaient de vieux épisodes de la Nanny ce soir là pour se détendre après une longue journée. Ivy avait travaillé toute la journée pendant que sa jeune sœur et Ruby avaient passé de nombreuses heures à réviser leurs cours. La jeune anglaise était consciente qu'elle devait faire de son mieux pour aider son aînée, aussi faisait-elle de son mieux pour avoir un bon niveau scolaire et pour s'occuper un peu plus des corvées. Les trois jeunes femmes s'entraidaient et cela avait l'air de leur convenir à toutes.

Lorsque le personnage de CC Babcock se mit à hurler, elles éclatèrent toutes de rire sans pouvoir se retenir.

« ...And everyone must breath until their dying breath... »

''Tu sais que c'est la meilleure solution.''
''Je ne vais pas imposer deux personnes de plus à chaque vacances Ruby !''
''Mais ils t'adorent ! Et ta sœur s'entend si bien avec tout le monde ! De toute façon vous n'avez pas les moyens de retourner en Angleterre à chaque fois, et je refuse de vous laisser ici.''

Ivy regarda Lawrence en espérant de l'aide, mais le lâche fit semblant d'être particulièrement intéressé par ses chaussures sous le regard amusé de la nouvelle colocataire de Ruby, Amy. Cette dernière était une magnifique jeune texane, blonde aux yeux bleus, qui plaisait beaucoup à l'étudiant en politique. Malheureusement pour lui, elle ne semblait pas le moins du monde intéressée. Amy était assise avec eux et suivait des yeux l'échange entre les brunettes.

''De toute façon tu n'as pas le choix ! Si c'est l'argent le problème, ne t'en fais pas : on sera dans ma famille, on aura rien à dépenser.''
''Nous non, mais tu crois vraiment que la nourriture tombe du ciel ?''
''Dans ce cas dis-toi que je t'avance l'argent et on n'en parle plus !''
''Profites en Ivy : c'est la première fois que je l'entends dire qu'elle va prêter de l'argent. Avec la fortune que tu reçois chaque mois Ruby ! Où tu le caches, ton cash ?''

Lawrence avait finalement décidé d'intervenir, le tentation de se moquer de Ruby était trop forte. Mais cette dernière lui offrit son plus mielleux sourire avant de répondre:

''Dans un endroit que tu n'approcheras jamais.''
''Oh, ton matelat ?''
''Non, le sien...''

Ruby avait désigné Amy en répondant, et Lawrence s'immobilisa. Pendant ce temps-là, l'anglaise et la texane se mirent à rire. Ivy aimait ces moments où tous les soucis du monde extérieur disparaissaient. C'était comme si l'on avait mis la planète en pause le temps d'un café. C'était devenu une habitude : lorsqu'ils avaient le temps entre deux cours ou avant que Kay ne finisse les siens, ils se retrouvaient au café où travaillait Ruby pour passer du temps ensemble.

Ces moments de bouffées d'air frais avaient d'abord permis à Ivy de passer du temps seule avec ses amis, pour parler de choses de son âge. Puis ils l'avaient aidé à mettre de la distance entre elle et sa peur grandissante face aux massacres qui semblaient se multiplier à New York. Car si au debout elle s'était dit qu'elle exagérait une nouvelle fois, la brunette avait vite réalisé que les tueries étaient bel et bien plus nombreuses et barbares. Elle imaginait les victimes, peut-être des sortceliers, comme elle et sa sœur. Au fur et à mesure que la situation évoluait, elle se voyait craindre de plus en plus d'être découverte.

Elle l'avait envisagé à une époque. Tout dire à Ruby. Lawrence lui était cher, mais Ruby était comme une sœur pour les filles Holden. Alors elle avait pensé lui avouer. L'américaine n'avait, à priori, pas mal réagit à l'annonce de ce scientifique disparu. Mais la brunette avait finalement décidé que la meilleure chose à faire était encore de tout garder pour elle. Non pas qu'elle ne faisait pas confiance à son amie : même si un jour elles venaient à se disputer violemment – que le ciel les en préserve – jamais elles ne se trahiraient, ne serait-ce que par respect de leur amitié passée.

En réalité, si Ivy ne lui avait rien dit, c'était surtout pour ne pas qu'elle redoute toute sa vie d'avoir à garder un secret pareil. La jeune anglaise n'avait pas le droit d'imposer cela à son amie. Alors elle n'avait rien dit.

Enfin, ces moments passés avec ses amis rappelaient à la brunette à quel point elle tenait à eux, combien elle avait besoin d'eux dans sa vie. Et pourquoi elle aurait voulu se battre pour les protéger. Mais elle ignorait même s'il existait une sorte de résistance contre les monstres qui sévissaient en ville. Si cette résistance existait, elle aurait aimé la connaître, en savoir plus sur la guerre qui avait lieu et dont on ne voyait que la partie immergée aux infos, les aider aussi. Peut-être...

Peut-être pouvait-elle réellement se montrer utile ? Après tout, sa magie était puissante, et elle n'était pas particulièrement stupide. Un peu jeune oui, mais avec de la motivation à revendre. Depuis les meurtres, elle avait pris l'habitude de toujours se munir d'une bouteille d'eau avant de sortir de chez elle en cas d'attaque. Être une élémentaire d'eau avait l'avantage de lui garantir une protection optimale si besoin était. Elle s'était également entraînée à ressentir à tout moment l'eau la plus proche en plus de celle qu'elle transportait avec elle. Cette jungle de fer et de béton qu'était New York ne différait pas tellement des jungles sauvages : l'eau s'y trouvait à profusion si l'on savait où chercher.

Ses amis continuaient de se taquiner. Elle jeta un coup d’œil vers eux. Si elle pouvait protéger ne serait-ce qu'eux, ce serait déjà un grand pas. Ils ne réalisaient pas à quel point ils comptaient pour elle, sans doute ne le comprendraient-ils jamais vraiment. Pour eux elle ferait tout.

Une nouvelle chanson débutait. Ivy l'avait déjà entendue quelque part, elle aimait bien le style de musique de la chanteuse. Alors qu'elle observait Ruby et Lawrence se chamailler pendant qu'Amy comptait littéralement les points, la jeune anglaise s'enfonça un peu plus dans sa chaise et écouta à moitié les paroles pendant qu'elle s'imaginait rejoindre une vague organisation, aussi floue que le sont les visions de son imagination.

« ...No, this is how it works
You peer inside yourself
You take the things you like
And try to love the things you took... »
On the Radio de Regina Spektor