Chapter 1
Petite fille danse, tourne et volette dans le salon. Petite fille est fière de voir sa maman et son papa lui sourire.
Petite fille rayonne de bonheur, Petite fille aime et est aimée.
C’est la nuit et Petite fille a oublié de prendre le courrier. Petite fille sort de la maison et va vers la boîte aux lettres.
Mais Petite fille voit des ombres bouger dans la ruelle, elle entend le vacarme et s’inquiète. Seulement Petite fille avec curieuse, elle veut voir de plus près ce qu' il se passe.
Il y a des hommes et une grande chose qui grognent. Il y a de longs objets pointus, comme ceux dont maman se sert pour couper les carottes.
Mais les ombres courent vers elle. Petite fille a peur, sans vraiment savoir pourquoi. Elle sent que quelque chose ne va pas.
Petite fille se réveille à l’hôpital. Petite fille a l’esprit embrouillé. Elle ne voit pas très bien mais perçoit le visage de ses parents. Elle ressent une douleur au poignet.
Petite fille lève la main et découvre une morsure.
Petite fille a dû se faire mordre par un gros chien, sûrement.
Presque un mois a passé, Petite fille danse toujours devant le visage souriant de sa maman. Son papa est en « voyage d’affaire » a dit sa maman. Donc Petite fille se doit d’illuminer la pièce à elle seule, pour que sa maman sourie encore plus.
Petite fille est une libellule qui bat des ailes. La musique est douce est son éclat de rire la rend joyeuse aussi.
La nuit est bientôt là et Petite fille doit aller se coucher. Elle y va de bonne humeur et plonge sous les draps, contemplant la pleine lune à travers les voiles de sa fenêtre.
Mais elle n’arrive pas à dormir. Elle crie quand une douleur fulgurante lui transperce les os. Elle a l’impression que son sang est en train de brûler. Elle hurle, hurle de plus belle en se tordant sur son lit. Elle déchire le matelas en plantant ses ongles au moment où sa maman arrive en courant, affolée.
Puis plus rien.
Quand elle se réveille Petite fille est dans le canapé du salon. Ou plutôt ce qu’ il en reste. La maison n’est pas comme d’habitude. Tout est cassé, défoncé, lacéré. Petit fille se rend compte que sa chemise de nuit est déchirée, et que sa peau est toute rouge. Elle connait ce liquide, elle sait que c’est du sang.
Petite fille appelle sa maman mais celle-ci ne répond pas.
Elle monte les escaliers pour aller voir dans la chambre. C’est la partie la plus ravagée. Les murs sont pleins de sang et d’autres choses.
Petite fille aperçoit une mèche de cheveux de l’autre côté du lit. Elle s’y précipite, sûre de trouver sa maman. Elle n’avait pas tord.
Petite fille regarde le corps pâle avec effroi. Maman est ouverte. Maman est morte. Petite fille ne se souvient pas. Mais elle sait qu’elle y ait pour quelque chose. Sinon, pourquoi aurait-elle survécu, et pas sa maman ? Elle fuit dans la salle de bain inondée par l’évier brisé, et s’y enferme. Elle descend le long de la porte et pose sa tête sur les genoux. Puis elle fait couleur un bain moussant, calmement, et mets le petit canard percé comme s’il était encore en vie au milieu de l’eau. Elle y plonge aussi et la mousse se teint de rose.
Chapter 2
- La Cour appelle les témoins à la barre !
Pamela, 7 ans, ne dit rien, reste assise en silence. Elle attend le jugement. Elle ne rayonne plus. Ses yeux bleus sont vides et ses cheveux noirs pendent tristement autour de son visage pâle.
C’est une femme qui s’avance. Une voisine. Elle dit avoir entendu des rugissements de bête féroce cette fameuse nuit. Des cris aussi. Elle pensait que les Wesley regardaient un film d’horreur.
Puis, une nouvelle fois, les juges ont appelé le père de Pamela. Ils lui demandent de confirmer ce qu’il a dit les fois d’avant. Que quand il était rentré au petit matin, il avait découvert le carnage de la maison, sa femme déchiquetée, et sa petite fille endormie dans une eau rose de sang.
Le père regarde sa fille intensément, comme pour lui transmettre un message. Ce même message qu’il lui avait continuellement répété.
« Tout ira bien, ne t’inquiète pas. »Il confirme les dires d’un air assuré. Il pense que sa petite est innocente, que c’est une bête qui a fait le coup. Que les juges seront obligés de l’innocenter.
Au bout d’une longue concertation, ils finissent par annoncer leur décision finale :
- A la question Mademoiselle Wesley Pamela a-t-elle commis le meurtre de Madame Wesley Phoebe Alexis, la Cour a répondu : Non.
Son père serre la petite fille dans ses bras, pleurant de soulagement. Elle-même ne sait pas si elle est soulagée. Elle a la sensation d’avoir fait une bêtise sans avoir été punie.
Mais elle se trompait. Le Justice annonça que Pam’ aurait l’obligation de se rendre chez un psy, à cause du traumatisme.
Chapter 3
Trois semaines plus tard, Pamela n’aime toujours pas le psy. Il veut qu’elle lui parle mais elle se renferme comme une huître et ne dit rien. Elle doit se taire. Ne pas dire que la nuit, elle a si peur de devenir folle durant son sommeil qu’elle s’attache solidement. Alors le psy déclare qu’il faut qu’elle prenne des cours de Théatres pour s’extravertir.
Alors Pamela y va, car elle n’a pas le choix. Elle est ébahie par les expressions de son professeurs, qui peut faire semblant d’être dans différents états. Triste, joyeux, timide, supérieur… C’est donc aussi simple la vie ? Il suffit de jouer un rôle…
La danse est devenue différente. La douceur est violence, le bonheur est malheur. Elle envoie des sentiments différents. Mais l’énergie et la détermination sont toujours là.
Son père s’inquiète mais Pamela s’en fiche. Il essaye de lui parler mais elle est muette. Il ne peut pas la comprendre. Alors elle va dans son monde de danse, celui où personne ne peut venir l’embêter.
Une nuit elle commence à avoir mal. Sa respiration s’agite. Mais c’est bon, elle est attachée, ligotée, enfermée. Elle ne peut plus faire de mal. Son autre elle-même ne tuera personne.
Peu à peu elle commence à savoir faire semblant, grâce au théâtre. Elle commence à savoir qu’elle n’a mal que les jours où la lune est ronde et belle. Alors elle ne s’attache que lorsque ces soirs là viennent.
Un an plus tard elle joue son rôle de petite fille normale. Elle sourit, elle rit, elle parle. Mais à l’intérieur elle est toujours cette petite Pamela qui sait, qui est coupable.
Elle est débarrassée du psy qui estime l’avoir soignée. La bonne blague.
Seule la danse la libère. Elle laisse sortir toutes ses émotions, que ça plaise ou non. Elle danse pour elle-même et pas pour son père ou son psy. Personne ne peut lui dicter sa conduite quand la musique guide ses pas.
Chapter 4
Les années passent. La danse s’améliore. Son rôle aussi.
Elle peut regarder des films plus adultes maintenant. Des films avec des créatures maléfiques, des vampires, des loups-garous…
A cet instant elle comprend.
Elle comprend pourquoi elle ne se souvient pas des nuits de pleine lune.
Pourquoi la voisine pense avec entendu une bête.
Pourquoi sa morsure n’a jamais disparu.
Lentement, elle se lève du canapé et éteint la télé. Elle monte les escaliers sans vraiment entendre la voix de son père qui lui demande si elle va bien.
Elle s’enferme dans la salle de bain et fais couler l’eau et le produit moussant.
Comme cette nuit.
Elle s’immerge dans l’eau et plonge la tête avant de la redresser, les cheveux pleins de mousse.
Elle sort de la baignoire au bout d’une heure. Sans prendre garde à l’eau qu’elle fait dégouliner de partout, elle regarde son reflet dans le miroir.
« Elle a les yeux de sa mère, c’est merveilleux ! »Elle prend la mousse de son bain et l’étale sur son reflet. Elle cache d’abord les yeux, puis les lèvres, comme un baîllon. Puis elle en met sur tout le miroir.
Mais la mousse glisse et tombe dans l’évier. Il ne reste que d’elle de l’eau qui trouble le reflet de Pamela.
C’ est à cause des autres.
C’est à cause des créatures.
C’est à cause des humains qui n’ont rien fait.
C’est leur faute à tous.
Chapter 5
Ecole de danse.
Au bout 5 ans, elle passe des auditions dans un cabaret. Elle aime cette danse, elle est vive et a de multiples facettes.
Elle est prise.
Parfait.
Elle part de chez son père.
Elle commence sa vie… et ses morts.
Elle les déteste tous.
Mais elle sait jouer un rôle.
Elle veut se venger.