Dans son aquarium, Lara bougeait, dansait et se tortillait. Elle entendait le bruit flou de la musique du chapiteau, et voyait en zoom les spectateurs qui l’observaient, silencieux. Elle faisait des mouvements brefs, remontait sur le bord du bocal pour enfin replonger dedans soudainement, éclaboussant la piste. Comme une sirène, elle était fluide. Un moment, elle se regroupa sur elle-même pour ensuite ouvrir tous ses membres comme les étoiles de mer. Mais ce qu’elle n’avait pas calculé était qu’entretemps elle avait bougé, et qu’elle s’était rapprochée de la vitre. Alors, quand elle se déploya, sa tête se cogna violemment contre celle-ci, qui se brisa en morceau, faisant tomber toute l’eau et Lara avec, qui s’écrasa sur le dos, sur les bouts de verre. Les spectateurs poussèrent des murmures approbateurs et des cris de stupeur. Deux artistes sur les côtés se jetèrent sur la jeune femme, et l’aidèrent tant bien que mal à se relever. A ce moment-là, elle ne voyait plus rien. Sa vue se brouillait, sa tête tournait. Elle ne sentait plus ses membres. Lorsqu’ils virent qu’elle n’avait rien, ils la relevèrent, et l’appuyèrent jusqu’aux coulisses. Sa tête saignait, et elle avait plusieurs bouts de verre coincés dans les bras et le dos. Pas très gros cependant, une chance. Même si c’était douloureux. Oh oui, très douloureux. Lorsqu’on lui retirait chaque bout, c’était à chaque fois un calvaire. Elle se retenait pour ne pas crier, et épongeait rapidement le sang. La bonne nouvelle c’est qu’elle n’avait rien de grave alors qu’elle aurait pu mourir, et en plus cela cicatriserait vite. Elle sut par un des clowns que, le bocal avait une grosse fissure avant qu’elle ne rentre dans l’eau mais qu’ils s’en étaient aperçu qu’au début du numéro et donc n’avaient rien dit et espérés. Bien sûr, il avait fallu ce jour-là pour que Lara fasse une gaffe.

Plus tard, en pleine nuit elle fut réveillée par un bruit étrange. Surement un des tigres. Elle en profita pour sortir de son lit et se diriger vers la caravane des douches. Ses blessures la tiraillaient de partout. Maintenant qu’elle était réveillée ! Ayant en tête de prendre une bonne douche, elle posa ses affaires sur le rebord de l’évier. Elle alluma le robinet et se pencha vers lui. Elle joignit ses mains sous l’eau puis, s’appliqua doucement l’eau sur le visage, histoire de bien se réveiller. Les plaies étaient encore douloureuse, elle avait mal de partout. Elle releva ensuite la tête vers le miroir, contemplant son visage imbibé d’eau. Soudain, elle aperçut une ombre derrière elle. Une ombre très familière, qu’elle craignait plus que tout. Elle se retourna aussitôt, le corps glacé. Son patron… Il la questionna sur le pourquoi de son erreur débile du spectacle de ce soir. Sans qu’elle puisse finir d’expliquer le fait que ce n’était pas de sa faute mais celle du matériel défectueux, il la saisit par les cheveux et lui tapa le front contre le bord de levier. Elle afficha une mine sonnée, complètement déconnectée tant la douleur était forte. Pourtant ne cria pas, ne voulant pas réveiller Heyllin et les autres de la troupe. Elle resta repliée sur l’évier et tenta de lui donner un coup de pied arrière, mais celui-ci retint sa jambe. Il tira une nouvelle fois les cheveux pour relever sa tête, plaquant le dos de la jeune femme contre son torse. Il la regardait à travers le miroir. Lara afficha une mine forte, qui voulait tenir tête. Pourtant, lorsqu’elle vit son front ensanglanté, la seule chose dont elle eut envie était de fuir. Fuir loin, très loin d’ici. Il lui parla si près qu’elle sentit le souffle chaud sur son oreille et eut un mouvement de dégout. Il la relâcha violement contre le lavabo auquel elle se rattrapa avec peine après lui avoir caressé les hanches. Il s’en alla alors en ricanant. Lara se regarda une nouvelle fois dans la glace, essayant de rincer tant bien que mal la plaie. Le moindre contact lui faisait la sensation d’être tiraillée dans tous les sens. Ouverte par-dessus des blessures fraiches, c’était pas cool. Pas du tout. Elle allait devoir dire qu’elle s’était faite ca toute seule. Une seule personne ne la croirait pas. Heyllin. Mais elle ne pouvait rien dire et ce, jusqu’à ce qu’elle puisse enfin partir. Et pour partir, il fallait qu’elle fasse chacun des désirs de son supérieur. Lara entra alors dans la cabine de douche, et alluma l’eau.

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C’était le week-end, enfin. Une nouvelle semaine qui venait de se rajouter au palmarès de la vie de Lara. C’était qu’elle s’approchait de plus en plus de la trentaine ! Pfouah, quelle pensée horrible ! Se chassant vivement cela de la tête, elle continua de déambuler nonchalamment dans la rue. Fallait dire que dans le Bronx, c’était pas toujours bien fréquenté. Mais il ne fallait pas non plus se fier aux rumeurs. Lara ne craignait pas les gens de toute façon. De une elle était sortcelière (même si la maitrise de ses pouvoirs n’est pas parfaite, loin de là) et de deux, elle fait aujourd’hui de la self défense. Elle connaissait plusieurs jeunes du quartier avec qui elle s’entendait bien, et ils n’étaient pas tous drogués ou meurtriers ! Le Bronx peut être un quartier tranquille, oui, même la nuit.
La raison pour laquelle Lara était sortie en ce début d’après-midi, c’était simplement pour aller se chercher un hot dog au snack du coin. Elle était donc là, sur le trottoir à marcher. Elle entendit quelques jeunes taper sur des barils. Enfin, elle aperçut le camion à nourriture. Il devait lui rester cent mètres, pas plus. Mais tout à coup, alors qu’elle se rapprochait vivement de son objectif, un client particulier passa commande. Lara se figea. Elle plissa les yeux, étant trop loin pour avoir la certitude de son identité. Mais elle reconnut parfaitement son profil. Un profil qui l’a traumatisée la fin de sa jeunesse.

Ce corps gros, cette tête chauve, ce nez disproportionné et ces yeux petits comme des billes… Au fur et à mesure qu’elle s’approchait, la silhouette s’éclaircissait. Elle en laissant tomber son porte-monnaie qu’elle venait de sortir. Soudainement, son cœur se mit à battre de plus en plus vite, comme si il allait sortir de sa poitrine. Elle se cacha donc à la première ruelle à sa gauche, surement trop étroite pour qu’il y rentre si jamais il l’avait vue. Elle se plaqua contre le mur, et attendit. De la pénombre sortit alors un ricanement, et quelqu’un de blanchâtre apparut à ses côtés tendant ses mains pour l’attraper. Lara vit un mouvement vif de la main, ce qui envoya l’individu s’exploser contre le mur. Elle avait utilisé sa magie contre un humain, chose qu’elle s’interdisait généralement. Voilà pourquoi Roxanne, sa colocataire n’était pas au courant de son secret et parfois c’était très embêtant… Elle courut alors comme elle put avec ses talons (aiguilles) et sortit de sa cachette. Elle continua sa course pendant bien dix minutes se retournant de temps à autres pour voir si l’homme familier était là, puis décida de prendre un taxi pour ce qui lui restait de chemin. L’homme ne l’avait pas vu, non bien au contraire car pendant la course de la jeune femme, il était toujours entrain de commander à manger. Elle donna l’argent au chauffeur puis ouvrit sa porte en trombe, qu’elle claqua violemment. Ce qui était cool avec sa maison, c’est que comme c’était une ancienne caserne, il y avait deux entrées. Une porte principale ; puis une porte de garage se soulevant pour faire sortir les camions. Ce qui était moins cool, c’est que cette entrée se trouvait dans le salon. Donc, quand Roxanne décidait de rentrer sa moto dans le salon, peu importe que Lara soit en pyjama avec un bol de céréales sur le sofa, tous ceux qui traversaient la rue à ce moment-là la voyait.

Lara souffla enfin, se tenant contre le mur tout en enlevant ses talons. Le chien de sa colocataire vint lui faire la fête. Elle le gratouilla puis sortit une casserole pour se faire cuire des pâtes. Bah ouais, pour le coup, le hot dog c’était raté ! Une fois le repas prêt, elle déposa l’assiette de pâtes sur la table et s’assit tout en arrangeant sa robe noire. Un repas qu’elle engloutie en dix minutes, puis elle déposa l’assiette par terre, pour que le chien finisse les restes. Si sa maîtresse lui donnait n’importe quoi, elle ne voyait aucun problème à faire de même. Mais elle repensa à sa rencontre. C’était troublant d’avoir vu son bourreau de toujours, qu’elle peinait encore à oublier aujourd’hui même après deux ans, à New york même, dans son quartier. Elle frissonna. Heureusement, il ne l’avait pas vue… Puis qu’aurait-il pu lui faire devant tout ce monde ? Non, ce n’était rien. Elle secoua la tête et se leva.

Une heure passa, la sortcelière était assise dans un petit fauteuil, entrain de regarder la télé, un paquet de pop corn à la main. Elle était placée de sorte que ses deux jambes soient posées sur un accoudoir, tandis que le deuxième maintenait son dos. En travers quoi. Puis, la sonnette se déclencha. Eteignant la télé, elle sortit du fauteuil. Le chien aboya. Alors elle attrapa son collier de sa main libre, pour l’enfermer dans la salle de bain. La fâcheuse habitude qu’avait l’animal était de sauter sur tout le monde pour dire bonjour. La sonnerie retentit une nouvelle fois, plus longtemps. Lara se boucha les oreilles en plissant les yeux sous le bruit assourdissant.

« Une minute ça va ! »

Elle s’attacha à l’arrache les cheveux avec un crayon. Elle tourna la clef dans la serrure, et entrouvrit la porte en mettant sa tête dans l’encadrement. Elle n’eut même pas le temps de parler, de regarder la personne que BAM ! La porte s’ouvrit d’un coup, projetant Lara au sol avec un gros craquement.

Elle dansait joyeusement avec un sourire enfantin sur les lèvres. Elle sautillait et tournait sur elle-même en riant. Autour d'elle, des gens l'observaient, un sourire exprimant la pitié sur leurs visages tandis que d'autres versaient généreusement quelques petites pièces dans sa coupelle en bois. Roxanne ou plutôt Thaïs, avait 11 ans à cette époque-là. Elle dansait dans les rues de Rio de Janeiro afin de récolter une maigre poignée de pièces qu'elle donnerait à l'homme qui la faisait danser dans les rues. Elle dansait car elle aimait ça mais en même temps elle n'avait pas le choix, elle dansait pour sa survie. Les touristes donnaient parfois pas mal d'argent, ayant pitié de la pauvre fille des favelas qui tournoyait sur elle même avec ses ecchymoses sur les jambes et les bras sans jamais perdre son sourire malgré ses conditions de vie. Thaïs portait une petite robe verte et des bracelets autour des poignets et des chevilles de sorte que le petit bruit des tintements des bracelets attire les oreilles des passants dans la rue et à la fin de chaque danse son "public" l'applaudissaient et aussitôt elle tomber encore et encore dans une nouvelle danse.

Au bout d'une vingtaine de minutes, un policier de la ville l'aperçut et se dirigea vers elle. Thaïs s'arrêta soudainement de tournoyer. Ici la police n'avait jamais été très délicate. Cela faisait plusieurs temps qu'ils cherchaient à coffrer son patron mais honnêtement si elle ne les aidaient pas c'est parce qu'elle craignait plus son patron que la police, elle ramassa vite fait sa coupelle et partit en courant à travers les rues. Deux policiers la suivaient et une fois qu'il l'attraperait elle aurait juste le droit à un cachot miteux, qu'est-ce que ça pouvait bien leur faire qu'elle n'avait que 11 ans? Elle serait sans doute frapper aussi pour avouer, mais ça elle avait l'habitude. Elle avait plus l'habitude des ruelles étroites de Rio contrairement au policier. Elle grimpa en s'agrippant au rebord des fenêtres, un policier lui attrapa le pied mais il réussit juste à lui arracher un de ces bracelets qui lui rafla le pied, elle se retint de crier et continua de grimper et de courir pieds-nus sur les toits de Rio.

Désormais elle était loin d'eux, elle les avaient semés et courait en direction des Favelas. Une grimace de désespoir apparut sur son visage quand elle vit le peu de pièces qui lui restaient. La peur s'empara d'elle mais elle ne pouvait pas lui échapper elle était obligée d'y aller sinon c'est lui qui viendrait la trouver, s'en prenant à ce qui lui restaient de famille et ça il n'aurait aucun mal à le faire! Elle entra dans le quartier de son patron, quelques enfants étaient là, le principe s'était de les envoyaient dans les rues pour faire ressentir la pitié chez les gens afin qu'ils gagnent quelques pièces. Il n'y avait pas de limite à ça, prostitution, aveuglement d'un enfant... Thaïs échappait à ça car elle avait quelque chose de précieux en elle, des pouvoirs qui avaient toujours impressionné son tyran de patron! D'ailleurs il était là devant elle et lorsqu'il apprit ce qui s'était passé, Thaïs n'eut même pas le temps de s'expliquer qu'elle se retrouva projeté au sol, sa force surnaturel l'avait percuté de plein fouet, il ne se gênait pas pour vous infliger une correction. Elle cracha un peu de sang et se releva. Il la tira par la main et la dirigea vers le mur. Là-bas il y avait une sorte de trou de la taille d'un cercueil, tu faisais une erreur et on t'y enfermait une heure ou plus. Tu te retrouvais piégé dans les ténèbres suffoquant, criant. Obligé de rester allongé sans pouvoir t'asseoir... il n'y avait rien de plus atroce. Thaïs se retrouva allongée dedans, ce n'était pas la première fois mais elle n'en pouvait plus. La lumière s'éteignit et des larmes tombèrent lentement le long de son visage le sourire ayant disparu.

• • •

Roxanne marchait tranquillement dans les rues du Bronx. Pour une fois elle s'était réveillé tôt au lieu de dormir toute la matinée comme elle adorait faire. Elle avait enfilé un large débardeur blanc avec un short en jean un peu déchiré. Désormais elle marchait les mains dans les poches, son casque autour du cou, chantonnant une chanson de Bob Marley. Quelques passants la regarder étrangement dans la rue mais elle s'empressait de les fusiller du regard. Elle ne savait pas quoi faire de sa journée, le soir elle irait certainement danser en boîte mais maintenant à part chanter dans la rue en traînant ses vieilles Vans... Elle aurait peut-être dû prendre Brutus mais cet imbécile de chien aurait encore voulu courir derrière le moindre gamin inoffensif à vélo. Elle alluma donc une clope et continua à marcher en dansant légèrement.

Après une demi-heure à se baladait dans les rues du Bronx elle se décida finalement à aller au cinéma afin de voir un film qui avait l'air pas mal. Une fois devant elle commença à fouiller dans son sac de style péruvien mais elle se rendit compte au bout de cinq minutes à fouiller dedans en grommelant toutes les insultes de la terre qu'elle avait oublié son porte-monnaie. Elle fit un sourire gentil à l'accueil en demandant si pour une fois elle pourrait entrer gratuitement mais de toute évidence ça ne marcha pas! Elle quitta le bâtiment énervé puis décida d'appeler Lara avec son portable, mais malheureusement celle-ci ne répondit pas. Elle ne répondait jamais! Qui allait lui apporter son porte-monnaie maintenant?!

Elle reprit le chemin de chez elle afin de prendre son porte-monnaie mais sa frustration s'amplifia, elle aurait voulu tout frapper sur son passage mais ça aurait sans doute été exagéré. Alors elle shoota dans une canette de Coca pendant sa longue marche, énervant les gens dans la rue avec le vacarme qu'elle faisait mais remarque, dans le Bronx le vacarme était présent partout! Une fois arrivée devant chez elle, Roxy donna un dernier coup dans la pauvre canette qui vola jusqu'au trottoir d'en face. La brunette sortit alors ses clés qui tombèrent de ses mains. Elle se baissa pour les ramasser et se retrouva en face d'une porte déjà ouverte. Mais que s'était-il passé? Elle ne pensait jamais à rien cette stupide humaine! Son portable, la porte... Roxanne poussa la poignée et s'exclama sur un ton hargneux:

« Tu fais exprès de faire attention à rien ou quoi!! Moi tu me gonfles! »

Elle resta allongée au sol quelques secondes, sonnée par le fracas de la porte contre sa tête et son corps. Le paquet de pop-corn était complètement renversé. Elle se releva légèrement à l’aide de ses coudes et apercut derrière sa masse de cheveux, dans l’encadrement de la porte grande ouverte une silhouette à contre jour. Elle écarquilla les yeux.

« non… »

Elle tenta de se reculer, mais l’homme se précipita vers elle et lui saisit les cheveux pour la relever. Comme il avait toujours eut l’habitude de le faire. Elle cria de douleur, et donna un coup de genou à l’entre-jambe de l’homme. Celui-ci recula aussitôt, poussant la porte à se fermer. Cela laissa le temps à la sortcelière de saisir un couteau sur le comptoir ouvert de la cuisine. Elle le pointa vers lui, sur la défensive. Elle avait l’impression de revivre cette scène. Comme si elle l’avait encore et toujours vécue. Comme si elle avait fait l’objet de tous ses cauchemars. Un air de rage sur le visage, elle fonca vers lui la main levée, mais celui-ci l’intercepta et lui tordit le bras, la forçant à se tourner dos à lui et à se plier. Il lui prit alors le couteau, qu’il jeta sur le sol. Alors qu’il commença à coller son visage contre la nuque de la jeune femme, celle-ci cria.

« AU SECOUUURS ! AIDEZ-MOI ! JE VOUS MMH -»

Il plaqua sa grosse main sur sa bouche, mais Lara persistait à crier, même si cela ne servait à rien.Il la fit se déplacer dans le salon, et la plaqua d’un seul bras contre le mur. Sa tête claqua violemment contre le plâtre qui trembla. Il l’attrapa ensuite à la nuque et la décolla du sol, balayant le mur avec son corps, et faisant tomber tous les objets muraux et posés sur les meubles.

« Ta gueule ! » lui hurla-t-il dessus, les nerfs à vif.

Il plaqua son corps contre le sien, écrasant totalement Lara qui détourna au maximum la tête, répugnée. Elle ne pouvait plus pousser que de légers gémissements, tellement il lui appuyait sur la gorge. L’homme chauve approcha ensuite sa tête de la nuque de la jeune fille, et commenca à lui embrasser lentement le bas du cou. Elle tendit au maximum le cou, et sentit l’haleine chaude et les traces mouillées qu’il lui laissait. Elle ferma les yeux, les serras forts et les rouvrit lentement, deux larmes roulèrent lentement sur ses joues. Elle avala sa salive, avant de rouvrir la bouche, manquant d’air. Bizarrement, elle ne se souvenait plus à ce moment précis qu’elle était une Sortcelière et qu’elle pouvait se défendre un minimum. Non, là, elle ne pensait qu’à lui, pressé contre elle avec de mauvaises intentions dans la tête. Elle était complètement figée. Elle gémit à nouveau lorsqu’il parut sentir son odeur et avoir l’air exalté. Elle débattit ses jambes, mais cela ne servait à rien, car il était collé à elle, et elle ne pouvait plus rien bouger. C’était comme si… comme si son corps gras la recouvrait entièrement et la bloquant de tout mouvement.

« Lâ-lâchez-moi . Lâchez-moi ! » Bafouilla-t-elle la voix éraillée, tentant de lui retirer son bras. Celui-ci ricana.

« Te lâcher ? Mais pourquoi lorsqu’on à un endroit rien qu’à nous ? » Dit-il en la regardant droit dans les yeux, un rictus malsain aux lèvres.

Lara n’abandonnerait pas. Soudain, elle pensa à quelque chose. Son dernier espoir. Son crayon. D’une traite, elle le retira de ses cheveux bruns, les laissant retomber. Elle leva le bras, prête à planter le crayon dans les yeux percants de son agresseur mais celui-ci rattrapa son bras avant, brisant littéralement son poignet avec sa force. Lara cria, essoufflée. Un cri perçant, à vous glacer le sang. La seule fois où elle daigna crier, personne n’était là. Personne n’était là avec elle. Son poignet la tirait, la brulait. Elle avait mal, la sensation n’était même pas descriptible. Son poignet droit était surement brisé. Il mit alors la main sous sa robe noire moulante, et lui remonta en lui caressant les hanches, longuement en respirant d’un souffle saccadé, fourrant la tête dans ses cheveux une nouvelle fois. Elle était tétanisée et continuait de gémir. Il s’écarta alors soudainement et relâcha brusquement la pression qu’il exerçait à son cou, la laissant tomber au sol, glissant contre le mur. Elle tomba comme un vieux sac, s’écrasant au sol. Elle gisait étalée sur le dos pendant quelques instants, ayant mal partout. Elle s’assit ensuite, regroupée sur elle-même, tenant son poignet. Il se plaça devant elle, comme une grosse ombre, à une distance toute fois raisonnable ce qui étonna Lara. Elle se plia encore plus sur elle-même, tenant fermement son bras. Comme pour faire une coquille, pour se fermer complètement et se protéger contre cette menace. Elle saignait de la cuisse, du bras, et avait de nombreuses petites entailles dues aux nombreux chocs et aux objets qu’elle avait balayé avec son corps. Elle tira lentement sa robe vers le bas, tentant de la remettre en place. Son ex patron sortit alors discrètement un flingue de sa ceinture, sans le pointer vers Lara.

« Lara…Quelle retrouvaille…Après tout ce temps ! Tu m’as manqué tu sais… »

La concernée releva les yeux, sous ses cheveux en bataille.

« Nous avons tous étés attristés par ton départ... Soudain ? Sauf une, qui ne paraissait pas surprise. Je te laisse deviner de qui il s’agit. »

Heyllin. Il parlait à présent de sa meilleure amie au cirque, celle qui l’avait accueilli bras ouverts, qui s’était occupée d’elle, celle à qui elle se confiait. Elle se demandait bien ce qu’elle devenait désormais… En partant, elle avait dû faire un énorme sacrifice. Celui de ne plus la revoir, et de partir sans prévenir. Mais apparemment, elle n’avait pas été surprise. En effet, elle avait été la seule à qui fut au courant des tentatives d’abus du patron. Des abus tout court. Il était très violent, au point de lui casser un bras, et obsédé au point qu’elle ne devait jamais se retrouver à un endroit seule avec lui.

« Du coup, j’ai dû lui faire passer un entretien pour voir ce qu’elle savait… » Un sourire malsain aux lèvres lui apparut. Il fit un pas sur le côté en scrutant le bout de son flingue, et en mettant le doigt sur la détente.

Lara écarquilla les yeux, la respiration haletante et se jeta sur lui tant bien que mal en criant de rage et lui mordit l’avant-bras qui tenta de la retenir. Alors, il cria de douleur et lui tint les cheveux depuis la racine, histoire d’avoir une meilleure prise. Elle cria une nouvelle fois. Elle avait peiné à se lever, et s’était ramassée plusieurs fois sur elle-même.

« Espèce d’ordure ! » Cracha-t-elle à son visage.

Elle courut comme elle put à l'étage, s'enfermant dans les toilettes. Elle se blottissait contre la porte, essayant tant bien que mal de la bloquer. Lui se jetait dessus pour la défoncer. Lara savait qu'elle ne résisterais pas longtemps, mais elle de son vivant, jamais n'abandonnerait. Cela dura bien 5 minutes, puis il réussi enfin à péter la porte, projetant Lara contre la cuvette, la porte à moitié sur elle. Il lui prit les cheveux et le bras, puis lui fit redescendre les escalier.

Alors, la tirant violemment, il la balança sur le sofa en rangeant aussitôt son arme dans sa ceinture. Au passage, elle tenta de s’accrocher à ce qu’elle pouvait, provoquant un énorme fracas de verre et d’objets tombants au sol. Elle se retint à la table basse qui se retourna à l’envers, les pieds en l’air. A bout de souffle, elle finit par se laisser tomber sur le canapé, à détendre tous ses muscles. C’était comme si elle était en transe. Elle ne pouvait plus lutter. C’était fini, il avait gagné. Jusque-là, elle avait toujours réussi à lutter, à l’éviter. Pendant deux ans, il était complètement sorti de sa vie et elle oubliait petit à petit son passé bien que cela soit difficile. Aujourd’hui il est revenu. Sur toutes les personnes de la terre, il a fallu qu’elle tombe sur lui. Pourquoi la chance l’avait-elle abandonnée ? Elle n’avait aucun objet à sa disposition pour se défendre, et il n’y avait pas d’eau à proximité. De plus, elle ne pensait même plus à ses pouvoirs. Pas l’ombre d’un instant. Elle allait devoir subir. Se soumettre, et devenir son pantin. Il allait faire ce qu’il voulait d’elle, comme il l’avait toujours voulu depuis le début. Qui sait ce qu’elle deviendra ensuite ? Comment réagira-t-elle ? Reverra-t-elle Roxy et, si c’est le cas, comment allait-elle lui expliquer ce désastre ? Le chien avait aboyé à de nombreuses reprises lorsque les coups, les cris s’étaient manifestés. Il aboyait encore maintenant, essayant d’ouvrir la porte. Tenant fermement Lara, il se jeta sur elle, pressant ses lèvres contre les siennes. Elle n’afficha aucun dégout et ne protesta pas. Elle se contenta de fermer les yeux et, silencieusement, pleurait. Ensuite, lorsqu’elle sentit ses mains froides sur ses jambes, elle tenta de se débattre une nouvelle fois en gémissant. En vain, bien évidemment. Il lui déchira le bas de sa robe moulante. Lara cria comme elle pouvait, la voix éraillée, et lui cracha au visage. Une dernière tentative, une seule et unique dernière fois. Puis lorsqu’il s’essuya la joue avec sa manche et qu’il la gifla ensuite, elle était ailleurs, dans les pommes. Son corps ne répondait plus, et se laissait faire comme on pouvait manipuler une poupée de chiffon. Elle avait définitivement abandonné, renoncé à toutes échappatoires. Il était trop fort. Aucun mot ne pouvait désormais sortir de sa bouche, c’était… On aurait dit qu’elle était paralysée, dans le coma. Comme si son corps ne lui appartenait plus et que seul son esprit était présent. Son maquillage noir avait coulé sur tout son visage, ses yeux étaient rouges, ses cheveux en batailles, mouillés par la transpiration se collaient à son front comme si elle venait d’émerger de l’eau. Son énorme corps sur le sien l’essoufflait encore plus, et elle se demandait bien si ses os allaient résister à une telle pression. Il lui déchira alors son décolleté et posa ses lèvres gercées et mouillées une nouvelle fois sur le corps de la jeune femme en lui tenant le buste, faisant des allés retours lents entre sa nuque et le milieu de sa poitrine. Mais une chose avait changé. Un objet était là où il ne l'était pas tout à l'heure, là où il ne doit pas être. En effet, il y avait un sac, sur le comptoir de la cuisine. Un sac coloré et en tissu léger. Roxy.

Roxanne entra dans sa maison toujours énervé, elle jeta son sac sur le meuble de la cuisine puis ouvrit le frigo à la recherche de quelque chose à grignoter. Soudain elle se raidit, à l’étage, un énorme bruit retentit, comme si quelqu’un essayait de pulvériser une porte à coups de pieds. La jeune brune ferma la porte du frigo abasourdie puis s’appuya sur le comptoir de la cuisine :

- Lara… T’es sur que ça va?

Le bruit recommença couvrant sa voie. Intriguée Roxy s’approcha lentement de la cage d’escalier. La brésilienne sursauta lorsqu’elle eut le temps de voir l’état du salon, plusieurs de leurs objets étaient répandues pas terre ou brisaient en mille morceaux. Que diable se passait-il? Même si elle avait peut-être énervée Lara, jamais il ne lui arrivait d’être aussi violente! Ce n’était pas normal, quelque chose se tramait surement en haut, un sentiment de panique l’envahit. Elle retourna vers la cuisine en courant, ouvrit un tiroir et s’empressa de prendre un couteau, il y avait quelqu’un ou quelque chose en haut qui s’en prenait à Lara et elle n’avait pas l’intention de le laisser faire!

Alors qu’elle saisit fermement le couteau dans les mains, elle entendit les gémissements de sa colocataire et c’est là qu’elle vit également son agresseur. Un gars qu’elle aurait qualifier de gros porc à la simple apparence physique tenait fermement la pauvre Lara par les cheveux lui faisait descendre les escaliers. Roxy se cacha derrière le meuble de la cuisine retenant son souffle comme elle le pouvait puis elle se pencha légèrement pour observer la scène, le couteau dans la main. Non seulement cet homme était un gros porc mais en plus il avait un flingue! Lara se fit jeter sur le canapé puis un bruit retentit comme du verre qui se casse et la table se renversa. Roxanne put apercevoir la tête de son amie qui dépassait du canapé, l’homme chauve se jeta sur elle, pressant ses lèvres contre celle de Lara qui ne protesta pas. Elle semblait abattu, son mascara coulait lentement le long de ses yeux et un bruit de déchirure retentit, ce gros porc s’attaquait maintenant à ces vêtements. Lara poussa un cri de désespoir qui se noya dans ses larmes. La peur et le dégoût s’affichèrent sur le visage de la sortcelière. Elle resserra plus fort l’arme qu’elle avait dans les mains puis la colère remplaça la peur. Roxanne se leva silencieusement puis elle se dirigea lentement vers le canapé. Le gros porc semblait se noyait dans le décolleté de son ami, bientôt c’est dans son propre sang qu’il se noierait.

CRAC! Un bout de verre se brisa sous ses pieds, Roxy regarda alors le bout de verre brisé à ses pieds et lorsqu’elle releva la tête, le noir complet l’envahit. Le coup de poing qu’elle s’était pris l’avait fait lâché son arme, l’homme la fixa attentivement la tenant par la gorge. Son visage était boursouflé, ses lèvres gercées et lorsqu’elle sentit son haleine à l’odeur de sang se collait à son visage, elle cru qu’elle allait s’évanouir. La tenant toujours par la gorge, il tourna la tête vers Lara et lui dit:

- Je vois qu’en plus tu as apporté une amie! Géniale, je m’occuperais d’elle juste après toi ma jolie.

Roxanne lui cracha au visage , elle sentit qu’elle allait bientôt s’étouffer. La pression de ses mains sur son cou se faisait dangereuse. Il poussa alors la sortcelière dont la tête se fracassa contre un miroir. Ses yeux commencèrent à tourner et elle s’effondra par terre à moitié inconsciente. Le sang commençait à couler de sa tête, elle réussit à voir en travers de sa vision flou, la silhouette noire du type qui retournait voir Lara. Roxanne essaya de se relever, mais elle ne réussit qu’à ramper lamentablement au sol. Une chance pour elle qu’elle était habitué à recevoir des coups, sinon elle aurait été inconsciente un petit moment.

Les yeux de Roxy s’illuminèrent lorsqu’elle vit le flingue du type toujours accroché à sa ceinture, elle murmura entre ses lèvres la formule « volcalitus ». Le revolver lévita doucement vers elle, une fois qu’elle en fut en possession, un regain de force l’aida à se relever. Elle tendit l’arme au bout de ses mains puis dit:

- La partie est terminé espèce de sale enfoiré!

La brésilienne resta dans l’incompréhension lorsque l’homme commença à rigoler, un rire à vous glacer le sang. Il leva les mains en l’air, un sourire sur les lèvres, puis Roxanne appuya sur la détente. Rien. Rien n’était sorti. Pas de bruit, pas de cri, pas de balle.

- Résistante la petite métisse. Et oui, ma belle! Il n’est pas chargé, j’ai l’impression de voir toute ta vie te défilait devant les yeux!

Roxanne continua d’appuyer désespérément sur la détente puis soudainement elle regarda l’homme droit dans les yeux. La colère monta en elle, elle fit quelques mouvements avec ses mains puis sous les yeux ébahis du « gros porc » une tornade apparut dans le salon, les objets commencèrent à voler dans la pièce et l’homme se retrouva lever dans les airs piégé dans la tornade. Il semblait en état de choc.

- C’est dingue j’ai l’impression de voir toute ta vie te défilait devant les yeux! Dit-elle avec un sourire mesquin.

Soudain Roxanne envoya la tornade se fracasser violemment contre un mur. L’homme retomba au sol. Inerte. Son nez semblait cassait et le sang coulait sur son visage. La sortcelière se précipita alors vers son amie, toujours allongée dans le canapé. En plus d’être choqué par cet homme répugnant elle venait de la voir faire sortir une tornade de nulle part! Roxy commença à saigner du nez, elle avait fait jaillir une tornade alors qu’elle avait déjà la tête en sang. Sa tête tournait légèrement, elle commença à mettre le bras de Lara sur ses épaules et lui dit:

- Je t’expliquerais plus tard, vite dépêche toi avant qu’il ne….

Soudain, Roxanne s’effondra par terre le visage ensanglanté, le noir s’abattit alors dans la pièce.

Elle ferma les yeux, avalant sa salive et essayant de reprendre une respiration calme et régulière. Chose tout à fait impossible vue les circonstances, mais quitte à devoirs subir, autant ne pas s’étouffer toute seule. Alors, lorsqu’il souleva légèrement son corps une nouvelle fois, elle jeta un coup d’œil vers la cuisine. C’est là qu’elle vit la propriétaire du sac. Roxy avançait, doucement un couteau pointé. Lara ne savait pas si elle était heureuse ou si elle avait peur pour sa colocataire. Ses yeux brillaient. Quelqu’un était là, certes, mais il pourrait facilement la tuer. Soudainement, un bout de verre craqua sous ses pieds. Lorsque l’homme se releva d’un coup, encore à cheval sur elle et qu’il attrapa Roxanne à la nuque pour lui donner un coup de poing en pleine face, Lara hurla de ce qui lui restait de voix:

« NOOOOOOOOOOON ! Non laissez-là, je vous en supplie ! »
« Je vois qu’en plus tu as apporté une amie! Géniale, je m’occuperais d’elle juste après toi ma jolie. »

La jeune métisse cracha au visage de l’homme. Enervé, il la jeta violemment contre un mur, tandis que Lara, horrifiée continuait de sangloter, la respiration haletante et cela s’intensifia lorsqu’elle revit l’homme se repencher sur elle. Elle tenta de se recroqueviller, de se tourner, mais il s’assit sur elle, l’obligeant à se remettre comme elle était.

« La partie est terminé espèce de sale enfoiré! »

Aussitôt, l’ex patron de la sortcelière se retourna, achevant celle-ci de son poids. Il commença alors a rire d’un air moqueur, et se leva aussitôt. Lara en profita pour se blottir contre le canapé, tenant fermement son poignet. Elle saignait, et avait mal un peu partout. Sa joue était entaillée, ses lèvres, ainsi que ses bras et ses jambes. Sans compter la douleur tiraillant des hématomes qui se préparaient à apparaitre. Alors, elle vit Roxanne, l’arme de son agresseur à la main. Comment avait-elle fait ? Il était il y a encore quelques instants dans sa ceinture ! Un sentiment de soulagement aurait du envahir la jeune sortcelière, mais il n’en était rien. Car s’il riait comme ça, c’est qu’il y avait une raison. Sa théorie se confirma lorsque Roxy appuya sur la gâchette, et que rien ne se produisit. Lara sentit le monde s’effondrer autour d’elle.

« Résistante la petite métisse. Et oui, ma belle! Il n’est pas chargé, j’ai l’impression de voir toute ta vie te défilait devant les yeux ! »

La concernée appuyait toujours sur la détente, désespérée. La chose qui se produisit ensuite rendit Lara encore plus perdue qu’avant. Sa colocataire commença à faire des mouvements avec ses mains, puis du vent arriva, formant au final une tornade dans la maison. Elle écarquilla les yeux, toujours à moitié ensuquée. Le patron se retrouva dans la tornade.

- C’est dingue j’ai l’impression de voir toute ta vie te défiler devant les yeux! Dit-elle avec un sourire mesquin.

En tendant les bras, elle envoya leur agresseur directement contre le mur, retombant inerte en créant une fissure au mur à cause de son poids. Il avait le nez cassé et saignait de la tête. Lara reporta alors rapidement son regard sur celui de sa sauveuse, hébétée. Elle commençait à saigner du nez. Non… Etait-ce possible ? Roxanne était-elle une sortcelière comme elle ? Deux ans de colocations, deux ans à se cacher car elle la pensait humaine… En fait… elles se cachaient pour rien ?! Et… la façon dont elle maitrisait le vent, ferait-elle d’elle une élémentaire de l’Air ? Le cerveau de Lara ne répondait presque plus à causes des évènements successifs et de toutes les questions qu’elle se posait. Lorsqu’elle vit son amie se précipiter vers elle, elle releva la tête. Roxy commença à épauler Lara pour l’aider à se relever. Elle gémit de douleur lorsqu’elle se releva appuyée contre son amie. Elle était totalement lessivée.

- Je t’expliquerais plus tard, vite dépêche-toi avant qu’il ne….

Soudain, Lara se senti basculer. Roxanne s’effondra au sol, entrainant Lara dans sa chute. La brunette hurla de douleur avec une voix cassée, lorsqu’elle sentit un bout de verre se planter dans sa cuisse. Elle porta alors ses mains sur sa jambe dénudée. Elle se mordit les lèvres, et tira d’un coup sec l’objet tranchant de sa chair. Lorsqu’elle vit Roxanne inerte sur le sol, lorsqu’elle vit la maison sans dessus dessous, elle crut mourir. Ainsi, lorsque le gros porc lui attrapa violemment le bras de son poignet cassé, elle prit énormément sur elle, contrôla au maximum sa douleur et planta le bout de verre toujours dans sa main dans la cuisse de l’homme. Celui-ci se ravisa, tenant sa jambe en pestant. Lara recula comme elle put, la main entaillée, assise et s’appuya au canapé pour se relever. Maintenant, elle tenait debout grâce au sofa. Elle alla vite derrière, planta ses yeux dans ceux de son agresseurs. Elle regarda ensuite ses jambes. Elles tremblaient tellement que si elle se lâchait, elle tomberait surement au sol. Il en était totalement hors de question. Maintenant, il y avait Roxy. Elle ne pouvait pas lui laisser subir le même sort qui lui était destiné, même si elle n’arrivait plus à se défendre. Sur la défensive, les bras fléchis, elle s’attendait à une réaction précipitée de son agresseur. Lorsque celui-ci se releva, il fit le tour du canapé en marchant tranquillement d’un air confiant. Elle, faisait également le tour pour l’esquiver, tel deux enfants qui tournaient autour d’une table. Cela continua silencieusement, puis il fini par se jeter sur le fauteuil. Lara l’esquiva et lâcha le sofa, se précipitant vers le mur pour s’appuyer contre lui. Elle se tenait au rempart de l’escalier.

« Allez... viens ! S’il n’y avait pas eu d’intrusion tout serait allé bien plus vite et j’aurais enfin pu faire ce dont je rêve depuis le premier jour ! »

Elle jeta un coup d’œil à Roxy, toujours gisante au sol. Une haine l’envahie. Essoufflée, les cheveux devant les yeux Lara se lâcha lentement du rempart, tremblante, et tendit ses mains vers la multitude de bazar au sol. En particulier les bouts de verre. Les fixant, elle réussit à les faire trembler et à en soulever quelques-uns d’environ cinq centimètre du sol. Concentrée sur sa cible, elle ne remarqua pas le regard incrédule du patron horrifié. Lorsqu’elle vit que les objets ne se soulevèrent pas plus, elle força encore plus. Soudain, ses genoux se fléchirent et elle se laissa tomber, tous les objets retombèrent au sol. Mais avant qu’elle ne se percute encore une fois contre le carrelage, des bras la rattrapèrent. De gros bras, légèrement entaillés et suant à travers la chemise. Riant de plus belle, il trainait à présent Lara une nouvelle fois dans le salon, celle-ci se débattait avec ses bras. Elle était tellement épuisée qu’elle ne pouvait même plus utiliser ses pouvoirs. Quelle imbécile de ne pas les avoir utilisés avant !

« C’était quoi ça ?! » hurla-t-il « Qu’est-ce qu’il se passe entre toi et ta copine, vous êtes quoi au juste ?! »

Il finit sa phrase en lui donna une gifle monumentale et la poussa contre le mur. Elle tomba une nouvelle fois au sol, tétanisée. Elle avait vraiment l’impression d’être nulle, de ne servir à rien d’autre qu’à se faire passer pour une victime. Même pas capable d’aider son amie, elle était lamentable.

« De quel premier jour parliez-vous ? » Elle fit allusion à ce qu’il avait dit précédemment.
« Du premier jour où tu es montée sur scène. Ton premier spectacle, le jour où tu dansais dans ton foulard, le jour où tu as ému la salle pour la première fois. » un sourire malsain se dessina sur ses lèvres.
« Bon… où en étions-nous… » Dit-il d’une voix douce, en s’accroupissant devant elle. Il mit les yeux sur son décolleté déchiré, et la déshabillait des yeux. Il approcha alors sa main, mais Lara le stoppa.

« Je… s’il-vous plait, de l’eau… Pour moi, et… pour elle » dit-elle en désigna sa colocataire inerte des yeux. « Je vous en prie… j’abandonne… »

Le patron la regarda, perplexe. Mais vu l’apparence actuelle de Lara, vu sa voix et sa condition, et ses blessures, il finit par conclure que de toute façon, elle ne pourrait rien faire d’autre même si rien n’expliquait la tornade. La seule chose qu’il voulait c’était elle, et les menaces étaient dès lors éliminées. Il retira alors sa grosse main, et Lara tira un peu le tissu de sa robe pour couvrir comme elle pouvait sa poitrine. Il revint alors une petite bouteille d’eau à la main. Elle prit l’objet et se traina en vitesse vers sa colocataire. Elle passa son bras sous sa nuque pour lui relever la tête sans faire toucher son poignet en ruine. Avec sa main valide, elle mit de l’eau sur sa tête et lui étala dans le cou, les larmes aux yeux.

« Je suis désolée… » Lui murmura-t-elle.

Elle la relâcha ensuite, prenant soin d’épargner sa tête des bouts de verre. Elle revint alors contre le mur, sous les yeux vifs du bourreau et avec sa seule main en état tint la bouteille et commença à boire quelques gorgées, sans vider la bouteille. Elle se releva alors doucement, plaquée au mur, posant l’eau au sol. L’homme, toujours méfiant mit un temps avant de s’approcher. Il lui saisit alors fermement les deux bras en l’air, et se plaqua une nouvelle fois contre elle.

Une petite fille dansait. Elle portait une robe blanche, ses cheveux noirs flottaient légèrement comme sa robe lorsqu’elle tournoyait sur elle-même. L’adorable gamine continuait et continuait sans s’arrêter. Elle était dans une pièce noire où on ne voyait rien à part elle. Sa robe d'un blanc pur, commença alors à se teinter d'un rouge abominable. On entendait de léger clapotis. Les petits pieds de la danseuse faisaient des ronds dans une flaque, ses pieds étaient également rouges, la flaque aussi l'était. La jeune brune tournoyait dans une flaque de sang sans s'en rendre compte et elle semblait ne pas s’en apercevoir. Des plumes blanches flottaient dans l’air également mais certaines s'embrasaient et finissaient en cendres. Soudain des cris résonnèrent. Des cris horribles, à vous glacer le sang. La gamine commença alors à disparaître et réapparaître dans des flashs de lumières, son expression se déforma, des traces de coups et de griffures apparurent sur son visage innocent. Roxanne était derrière elle, tapie dans le noir. Elle n'arrivait pas à avancer vers elle, pourtant rien ne l'attachait, il y avait comme une sorte de bouclier qui l'empêchait de rejoindre la gamine. Elle hurla alors pour la prévenir afin qu’elle s’arrête de danser mais apparemment, elle ne l'entendait pas. Elle la regarda juste en souriant et l'horreur apparut sur le visage de Roxy lorsqu'elle vit la plaie qui lui traversait le visage. La vue de la sortcelière se brouilla aussi tôt. Sans comprendre pourquoi, elle se retrouva dans un autre endroit. Elle vit des bouts de verre voler dans la pièce, une jeune femme brune se tenait en face d’un homme aux visages démoniaque. C'est alors que la petite danseuse revint dans l’esprit de Roxy, continuant à tourner dans le sang, le visage de plus en plus meurtri. Roxanne eut soudain l’impression que quelque chose lui transperçait la peau, elle sentit le sang couler dans son dos et poussa un gémissement de douleur. Une voie résonna alors au fond des cris:

« C’était quoi ça ? Qu’est-ce qu’il se passe entre toi et ta copine, vous êtes quoi au juste ?! »

Perplexe, Roxanne chercha la source de la voie, il n’y avait que la petite fille dans la pièce.

« Du premier jour où tu es montée sur scène. Ton premier spectacle, le jour où tu dansais dans ton foulard, le jour où tu as ému la salle pour la première fois. »

Mais que se passait-il donc! La même voie venait de parler, mais toujours aucune trace de quelqu’un dans la pièce. Les cris s’amplifièrent, Roxanne se recroquevilla sur elle-même les mains sur ses oreilles, gémissant de douleur. Les cris, les flashs, tout ça devenait insupportable! Sa vision se brouilla d’un coup, la fille était perchée au-dessus d’elle, son sang coulait sur le visage de Roxy.

« Je suis désolée… » Lui dit une voix douce.

La sortcelière se réveilla en sursaut, elle passa alors la main sur son visage humide. Aucune trace de sang, juste de l’eau. Elle poussa un soupir de soulagement qui fut très brève car soudain tout lui revint en tête. Lara, l’agresseur au visage reptilien, le sang et l’assommement. Roxanne sentit soudain la panique monter en elle. Son amie n’était plus sur le canapé! Et quant à elle, cela faisait combien de temps qu’elle roupillait? Qu’avait pu faire l’homme pendant ce temps? Pensant au pire, elle se leva d’un coup cherchant son amie du regard. Roxanne poussa une sorte de plainte, des bouts de verre lui transperçaient la peau. Elle en retira quelques-uns d’un coup sec. Soudain, elle se figea Lara était en face d’elle, son agresseur se plaquait dangereusement contre son corps frêle. Comment pouvait-on être aussi immonde! Elle se précipita vers lui en criant. L’homme se retourna, elle en profita pour lui donner un énorme coup de poing, elle jura entendre un bruit d’os qui se brise, espérons qu’elle lui avait bien cassé le nez! Elle lui donna un coup de pied le faisant tomber par terre et se mit à le frapper rageusement avec ses poings. L’agresseur lui donna à son tour un coup dans la figure. Roxanne tomba à terre, elle pris ensuite appuie sur ses mains et avec de l’élan, elle se propulsa pour retomber sur ses deux pieds. La Brésilienne se battit ensuite comme elle l’avait appris dans les Favelas, elle maîtrisait toujours aussi bien la capoeira! Au bout d’un moment, elle tendit les mains et l’homme fut propulsé contre un mur grâce à la maitrise de l’air que possédait Roxanne. Elle lui infligea ensuite un coup de pied dans son visage cabossé et se baissa pour lui dire d'un ton acerbe:

- Tu ne sais pas à qui t'as osé t'attaquer espèce de sale fumier!

Elle lui cracha à la figure, se releva ensuite. Elle jeta un coup d'oeil à Lara, celle-ci semblait se relever et se diriger peu à peu vers elle. Roxanne fixa alors d'un regard noir l'homme qui était en face d'elle. Quoi qu'il en soit, c'était un salop, exactement comme l'homme pour qui elle travaillait petite mais en moins fort. Elle se concentra alors et l'homme fut soulevé dans les airs, elle était en train de l'asphyxier, il ne pouvait plus avaler de l'air, il suffoquait et devenait violet devant le regard noir de Roxanne.

Alors qu’elle fermait les yeux, préférant se retrouver dans le noir plutôt qu’assister à sa propre destruction, un cri retentit. La jeune femme sursauta tandis que le tyran se retourna d’un seul coup et se prit un coup de poing en pleine figure. Lara restait debout plaquée contre le mur, observant la scène. Roxy venait d’agresser l’homme à son tour, et le fit tomber en se jetant sur lui puis le rua de coups. Ensuite, elle se releva dans une impressionnante figure. Mais où avait-elle apprit à se battre ainsi ? Lara n’aurait jamais cru Roxy capable de tant de résistance, même si elle n’avait jamais douté de sa force. Un petit temps s’écoula avant que celle-ci ne tende les mains et le projeta contre un mur grâce à sa maitrise de l’air. Lorsqu’il s’écroula au sol elle lui donna un coup de pied et se pencha vers lui :

- Tu ne sais pas à qui t'as osé t'attaquer espèce de sale fumier!

Elle lui cracha à la figure en se relevant. Elle jeta finalement un regard vers sa colocataire. Lara était bien décidée à intervenir. Maintenant, c’étaient ELLES qui avaient le dessus. Elle se lacha doucement du mur en saisissant sa bouteille et rejoignait petit à petit sa camarade. Elle accéléra le pas lorsqu’elle vit que Roxanne le porta à nouveau dans les airs, crispant son visage à chaque fois que ses pieds se posaient sur des bouts de verres. Non non non, elle aussi voulait lui faire son compte ! L’homme était en train de s’étouffer. Une fois assez proche, elle saisit le bras de Roxanne en le serra, pour attirer son attention.

« Attends, attends… » dit-elle. « M..Moi aussi je veux me battre, ne le tue pas comme ca ! Je veux t’aider ! J’ai… des choses à régler avec lui. »

Cette phrase laissait sous-entendre plusieurs choses. Sous le regard de sa colocataire, Lara ouvrit la bouteille d’eau avec sa bouche et laissa tomber le bouchon. Elle jeta un regard noir au patron, et planta ses yeux dans les siens. Il semblait apeuré, totalement désarmé face aux deux filles. Elle se demandait bien comment Roxy allait réagir, mais cela n’avait pas d’importance sur le moment. Elle continuait de le fixer, et le fusillait du regard, enragée. Elle crispa sa main et plia la bouteille un peu plus. Alors, l’eau monta doucement hors de la bouteille. Une fois celle-ci vide, Lara la lâcha sans perdre sa cible des yeux. De sa main en état, elle amplifia la quantité d’eau, et la faisait tournoyer. Elle ramena sa main vers elle, pour faire passer toute l’eau derrière elle ; puis la brandit vivement vers le patron. L’eau passa donc devant elle avec une puissance énorme. Les émotions motivaient les sortceliers dans l’utilisation de leurs pouvoirs. Même si Lara était sur le point de s'effondrer et qu’elle n’était pas en état, l’espoir lui avait fait reprendre de la force. L’espoir de prendre le dessus, l’espoir d’enfin se vanger, l’espoir de gagner contre lui.

« En combinant nos éléments, il souffrira plus. »

Ce qu'elle entendait par là, c'était qu'elle voulait participer un minimum à sa défaite. Il verrait ce que cela fait d'être impuissant, d'être soumis à quelque chose qu'au final, on ne pouvait éviter. Pendant que Roxanne asphyxiait continuellement l'horrible homme qui tenait désormais son cou, Lara lui fit rentrer toute l'eau par le nez. Les deux trous respiratoires étaient désormais bouchés, il se noyait et s'étouffait en même temps.

Lorsque Roxanne utilisait son pouvoir alors qu'elle ressentait une émotion forte... Elle pouvait devenir très dangereuse! Elle s'amusait avec cet homme comme s'il s'agissait d'un jouet, l'asphyxiant lentement pour qu'il sente l'air se rétrécir. Mourir asphyxié était atroce, ne plus arriver à inspirer pouvait rendre fou mais malheureusement on ne pouvait bouger! Le regard de la sorcière se fit de plus en plus sombre, l'homme prenait des teintes violettes, il était au bord de la mort. Elle n'avait plus qu'à maintenir ce phénomène encore quelques secondes...

« Attends, attends… M..Moi aussi je veux me battre, ne le tue pas comme ça ! Je veux t’aider ! J’ai… des choses à régler avec lui. »

Une main froide vint lui agripper le bras. Surprise, Roxanne s'arrêta net et l'homme retomba au sol. Frustrée, elle se retourna vivement vers la source de distraction, c’était Lara. Malgré son abattu, les marques qu’elle avait sur le corps, son poignet cassé et son souffle haletant, la jeune femme avait les yeux animés par la flamme de la vengeance, une détermination farouche se lisait sur son visage signifiant qu’elle ferait tout pour qu’il souffre. Roxanne se calma légèrement, elle avait tendance à s’énerver pour un rien, ce n’était as à elle de tuer cette enflure, c’était à Lara. Ca elle pouvait le comprendre, si jamais le mec qui l’avait fait souffrir toute son enfance se pointait elle ne manquerait pas de faire tout son possible pour le tuer, pour qu’il souffre, pour qu’elle soit la seule à y avoir le droit! Elle recula et laissa la place à Lara. La métisse fit une drôle de grimace lorsqu’elle vit Lara sortir son arme fatale... une bouteille d’eau! Mais que comptait-elle faire avec? Avait-elle reçu un grand coup sur la tête? Au moment où Roxanne s’apprêtait à se donner une baffe, le bouchon de la bouteille rebondit au sol et une masse d’eau apparut dans les airs au dessus de Lara. Sorcière élémentaire eau. Pas besoin de réfléchir plus longtemps! Elle en connaissait un rayon sur les sorciers! Elle-même était élémentaire air. Le plus agaçant dans cette histoire tout de même c’est qu’elle vivait avec une sorcière depuis deux ans sans le savoir! Ca la frustrait énormément, elle ne l’avait même pas deviné, elle qui croyait que sa colocataire était une pauvre humaine paumée comme les ¾ des gens dans cette ville! Elles auraient déjà pu partager tant de choses!

« En combinant nos éléments, il souffrira plus. »

Lara envoya une énorme boule d’eau sur l’homme qui réagit très mal à cause de sa petite asphyxie de tout à l’heure! Lorsque Roxy comprit le petit manège de Lara, en effet celle-ci lui faisait passer l’eau par le nez, l’homme devait ressentir une sensation horrible! Roxanne recommença à absorber tout l’air que l’idiot respirait, un sourire de satisfaction s’afficha sur son visage, l’homme allait enfin mourir. Il eut le droit à encore une minute de vie avant de partir pour un autre monde dans un dernier râle. Sa tête tomba par terre avec un bruit sourd et ses yeux se firent vitreux. Roxanne s’approcha de lui et donna un coup de pied sur la masse inerte qui s’étendait sur le sol. Satisfaite, elle se frotta les mains et se dirigea vers Lara qui était assise au sol, tétanisée par les événements. Roxy s’accroupit devant elle posant ses mains sur ses genoux ensanglantés.

« Ne t’inquiète pas je vais me charger de faire le ménage. Si tu as besoin de quelque chose dis le moi. »

Voyant le regard inexpressif de sa colocataire, elle soupira tristement. Cela devait sans doute être la première fois qu’elle tuait quelqu’un! Roxanne elle, elle en avait vu pas mal des morts dans sa vie, et on ne pouvait pas dire non plus qu’elle n’avait pas les mains rouges! En plus la pauvre femme avait le poignet cassé et là, Roxy ne savait pas trop quoi faire pour que ça aille mieux, elle essaya de la rassurer en lui disant qu’elle passerait faire un tour à l’hôpital une fois l’appartement rangé.

Il fallait faire très vite, avec tout le raffut qu’elles avaient fait, des voisins ou des passants avaient sans doute dû appeler la police et pour tout dire, elle ne souhaitait pas vraiment la présence de ces derniers!

« Volcalitus! »

Roxanne leva les mains et quelques objets se mirent à léviter dans la pièce, son sort fonctionnait à peine. Les quelques objets qui se levèrent tombèrent de suite après. La sorcière sentit quelque chose d’humide sur son visage, elle s’essuya avec une main et lorsqu’elle voulut ramasser un livre à moitié déchiré, elle se rendit compte que ses mains étaient tâchées de rouge. Elle se regarda à travers le miroir brisé et se rendit compte qu’elle saignait du nez. Décidément elle avait trop abusé de ses pouvoirs! Maintenant elle sentait la fatigue l’envahir doucement. Il fallait vers vite, elle dut se résoudre à faire le ménage sans la moindre magie ce qu’elle détestait par-dessus tout! Elle passa le balai pour ramasser les morceaux de verre qui trainaient dans toute la pièce puis rangea les objets encore valides. Lara était toujours assise, le regard vide, recroquevillée sur elle-même. Roxanne fixa le cadavre étendu au milieu de la pièce avec dégout. Elle dut le traîner par les pieds et le jetait à la cave cachée qu'il y avait dans cette maison, elles le cacheraient mieux plus tard! Puis elle alla libérer Brutus qui ne cessait d'aboyer, toujours enfermée. Le chien se précipita sur elle et commença à l'attaquer à coup de langue, rassuré que sa maîtresse soit saine et sauve. Roxy se mit à rire et caressa affectueusement le gros chien. Soudainement, la sonnette retentit en bas. La sorcière dut descendre les escaliers quatre à quatre. L'appartement avait l'air d'être en ordre!

« Police ouvrez! »

Quelqu'un frappa à la porte de plus belle, alors que la jeune métisse allait leur ouvrir, elle se rendit compte d‘un truc, si jamais ça tournait mal, elle risquerait de se mettre dans une situation gênante! Elle regarda Lara, celle-ci avait le poignet tordu et des marques partout sur le corps avec une robe en lambeaux. Seigneur qu'allait-elle pouvoir donc faire?? La sorcière remonta les escaliers, pris un peignoir, le mit sur la jeune traumatisée et la força à se lever en lui disant:

« La police est là, tu vas faire comme si tout allait bien, les rassurer et leur expliquer tout le boucan qu‘on a fait! Tu ne parles pas du cadavre et tu évites de montrer ton bras, okay? Je ne peux pas t‘aider sur ce coup là… Je n‘ai pas de papiers. »

Pendant que Lara s’efforçait de maintenir son pouvoir en contractant comme elle pouvait les muscles de son corps, Roxanne continua de l’étouffer. Il ne fallut pas bien longtemps pour que, après un râle a glacer le sang il s’écroule au sol. Elles relâchèrent donc toutes deux leurs pouvoirs, et Lara se laissa tomber au sol sur ses fesses, tout en fixant le presque cadavre.

« J’ai gagné…. » Dit-elle, à bout de souffle. « Je t’avais dit que tu ne m’aurais plus jamais… »

Puis les yeux de l’homme virèrent au blanc. Elle était pratiquement sure qu’il l’avait quand même entendue. Le dernier son qu’il avait entendu était la voix triomphante de Lara, qui affaissa son dos contre les pieds du canapé. Roxanne vérifia que l’homme était bien mort, puis vint vers sa colocataire et s’accroupie en posant ses mains sur ses genoux.

« Ne t’inquiète pas je vais me charger de faire le ménage. Si tu as besoin de quelque chose dis le moi. »

Lara ne répondit pas. Elle fixait le vide, et pensait. Tout ceci était donc bel et bien terminé. Toutes ces années de persécution amère, la crainte d’un jour le revoir… Tout, absolument tout était fini. Elle n’avait plus qu’à enterrer une nouvelle fois tout ça dans sa tête, et vivre sa vie comme elle l’avait fait depuis deux ans, avec l’appréhension en moins. Elle entendait sa collègue tentant de la rassurer, et lui dire qu’elles iraient à l’hôpital. Lara afficha une mine affolée. L’hôpital ? Non mais ça va pas ! Elle n’irait jamais à l’hôpital dans ces conditions ! Comment expliquer ses blessures, son corps tout meurtri, ensanglanté et bleu ? De plus, elle n’avait pas réellement la force de marcher à nouveau. Même si ses blessures la tiraillaient de tout son être, elle ne pensait qu’a se reposer, fermer les yeux et s’endormir, à condition bien évidemment qu’elle ne s’évanouisse pas avant… Son regard se reperdit lorsqu’elle entendit Roxy formuler un sort pour ranger l’appartement. Mais, bien trop fatiguée, elle se résigna à tout ranger comme une humaine, comme elle l’avait toujours fait jusqu’à présent. Une sortcelière… quel hasard génial ! Une fois qu’elle eut presque tout nettoyé, elle alla vers le cadavre et le traina par les pieds.

Qu’allaient-elles en faire ? Et si la police le découvrait ? Si elles se faisaient prendre ? Le mettre dans la cave cachée n’était qu’une solution temporaire. Une larme roula sur les joues de la Sorcière. Dans quelle merde s’étaient-elles encore mises… Soudain, Lara sursauta. La sonnette venait de retentir. Elle entendit alors les pas précipités de sa colocataire dans l’escalier.

« Police ouvrez! »

Lara se redressa d’un coup, le sang glacé. Elle toisa rapidement son corps et peina à lever les bras pour analyser ses blessures. Sa robe était complètement en lambeaux, son décolleté était déchiré également. Roxy amena un peignoir à Lara et la força à se relever. Elle poussa un gémissement en sentant tous ses muscles la tirer. Mais que comptait-elle faire à la fin ? Elle s’agrippait tant bien que mal à la jeune métisse.

« La police est là, tu vas faire comme si tout allait bien, les rassurer et leur expliquer tout le boucan qu‘on a fait! Tu ne parles pas du cadavre et tu évites de montrer ton bras, ok ? Je ne peux pas t‘aider sur ce coup là… Je n‘ai pas de papiers. »

Presque criante, elle s’écria :
« Quoi ? Comment ca pas de papier ?! Mais, mais… »

Elle n’eut pas le temps de finir que la police retapa violemment la porte. Roxy partit donc se cacher à l’étage. Elle ouvrit donc lentement la porte au troisième rappel, prenant soin de rester derrière elle pour cacher au maximum ses jambes écorchées.

« Bonjour Madame, ici la Police. On nous a signalé un violent vacarme venant de votre maison, et des cris troublants. »

Il toisa Lara droit dans les yeux, et en voyant sa mine crevée et le peu de sang qui se trouvait sur son front ainsi que les quelques coupures, il ne put s’empécher de rajouter d’un air méfiant :

« Êtes-vous sure que tout va bien Madame ? »

Elle leur sourit faiblement, ne savant pas quelle excuse trouver. C’est alors qu’elle entendit un aboiement. Brutus ! Elle ouvrit un peu plus l’encadrement de la porte, prenant toujours soin de cacher ses jambes et de garder son poignet douloureux immobile contre elle.

« On vous a appelé pour si peu ? Excusez-moi monsieur l’agent, ma colocataire est partie depuis plusieurs jours en voyage et m’a confié son chien. Celui-ci est assez perturbé par son départ et à commencer à un peu tout saccager à cause de sa nervosité. De plus, j’ai du lui mettre du produit anti-puce et courir dans la maison n’a pas été de tout repos… Il m’a coupé le devant, et je suis tombée dans mes escaliers mais ne vous inquiétez pas, rien de grave. Il est juste très anxieux et sent que sa maitresse va rentrer demain. »

Le chien passa dans le couloir, et Lara sifflota pour le faire venir. Tout content, le boxer s’assit et tira la langue en la regardant.

« Vous voyez, il n’est pas méchant. »
« Mouais… Faudrait quand même voir à lui faire porter une muselière permanente à votre cabot ! »
« Je transmettrais le message ! Désolé du dérangement… » Fini-t-elle d’un air gêné.

Le policier acquiesça et ils se saluèrent. Lara ferma lentement la porte et appuya son dos contre celle-ci en poussant un soupir soulagé. En se cramponnant au mur, elle marcha jusqu’à la salle de bain pour prendre des bandes, puis alla sur le canapé, s’affaissant à l’intérieur de celui-ci qui possédait encore le creux chaud qu’avait formé le corps de la brunette lorsqu’il avait été écrasé par celui du tyran qui était désormais mort. Elle tressaillit en repensant à ce détail. Au final, il n’avait jamais vraiment atteint son objectif, même si il avait failli à de nombreuses reprises. Lorsqu’elle entendit des bruits de pas dans l’escalier, elle s’écria :

« C’est quoi cette histoire de sans-papier ?! Pourquoi tu ne me l’a jamais dit ? Pourquoi tu n’en a pas, tu es immigrée ?! » Lança-t-elle, affolée. « D’où tu viens et… et pourquoi ces mensonges ? »

Elle n’avait pas réellement peur. Elle connaissait Roxy depuis deux ans, et lui faisait confiance. Mais elle voulait savoir POURQUOI est-ce qu’elle lui avait menti comme cela. Elle aurait très bien pu tout lui dire, mais ne l’a pas fait. Craint-elle quelque chose elle aussi ? Il fallait qu’elle en ait le cœur net. Après tout, elle devait savoir avec qui elle vivait, pour savoir quoi faire en cas d’urgence comme ceci ; car la brunette doutait fortement d’avoir un talent inné d’improvisation & persuasion, même si elle était une Sortcelière et en plus de cela une journaliste.

L'étrange colocataire remonta les escalier et s'exclama:

« Thaïs Mercador, enchantée ! »

Lara haussa les sourcils. Elle racontait quoi là exactement ? C'était qui cette Thaïs ? Elle était perdue. Aurait-elle un faux nom ? Pourquoi, pour fuir quelqu'un ? La concernée soupira et rajouta:

« Tu sais, je t'ai peut-être dit que je suis née à New York, et également que j'avais des papiers et tout ça mais en fait c'est pas vraiment vrai. Thaïs, c'est mon vrai prénom, je viens du Brésil, j'ai grandi dans les Favelas et la vie c'est pas top là-bas! Et je suis parti également pour... fuir quelqu'un. »

La sortcelière resta bouche bée. Du brésil, carrément ? Roxy était enfaite une immigrée sans papiers qui était là illégalement. Et bien quel choc, lorsqu'on croit déjà vivre avec une simple humaine un peu trop nerveuse ! Fuir quelqu'un... sa poitrine se resserra. Toute sa vie depuis qu'elle avait quitté le cirque, elle fuyait quelqu'un. C'était horrible que de se sentir vulnérable, menacée à chaque coin de rue parce qu'on à l'impression que cette personne vous retrouvera un jour. Peut être que pour elle au final, c'était mieux d'être partie de son pays.

« Par contre quand je te dis que je veux devenir danseuse c'est pas des conneries! »

Lara esquissa un sourire lorsque sa collègue le fit aussi. Roxy était extrêmement douée pour la danse, et elle comprenait mieux pourquoi désormais.

« Et toi aussi je te signale que tu m'as caché pas mal de chose! D'abord j'aimerait savoir qui est cet enfoiré qui s'est introduit dans MA maison et qui a tout détruit! A mon avis, il n'a pas dû rien se passer entre vous vu le fait qu'il a l'air ou qu'il avait l'air complètement obsédé par toi! T'as vu la merde dans laquelle tu nous as fourré! On a un cadavre dans notre propre cave!! Moi qui pensait en avoir fini avec tous ces meurtres, et ce sang... »

« Comment ca dans laquelle JE nous ai fourré ? C'est ma faute si il est venu m'agresser ?! Et puis c'est NOTRE maison. Et plus particulièrement la mienne, à ce que j'apprends, étant donné ton état civil ! » Elle marqua une courte pause. Elle ne voulait pas continuer dans l'énervement et reprit calmement. « Quand... quand j'avais 19 ans je me suis retrouvée à la rue et je me suis engagée dans un cirque qui passait à Central Park. Au début tout se passait bien, mais petit à petit... les choses ont commencé à changé. Mon patron devenait de plus en plus dégueulasse avec moi, jusqu'à en venir aux gestes et allusions. Puis un jour après avoir viré mon copain, il a tenté de... »

Elle déglutit, et se tint les bras. Elle essayait de garder une respiration calme et lente.
« Mais j'ai réussi à m'échapper ! Et pendant deux ans encore j'ai dû vivre avec ca quotidiennement, l'évitant... puis il y a deux ans, je me suis enfuie. J'ai trouvé une annonce de colocation dans le Bronx, j'ai sauté sur l'occasion. Moi aussi je fuyais quelqu'un. »

Elle planta son regard dans celui la brésilienne et il eut eu un moment de silence plutôt lourd. Souriant faiblement et baissant les yeux, elle fini par le briser.

« Et ben... Ca en fait des révélations... Mais dis-moi, que va-t-on faire du corps ? On ne peut pas le laisser éternellement dans la cave ! »

Oh ca non, elles ne pouvaient pas. Rien que l'odeur allait être insupportable. Impossible de le camoufler dans un fleuve ou à la décharge, il se ferait voir tout de suite et subirait des tas d'analyse. De quoi se coller les flics à dos, et devenir fugitives. Oh ca, non merci ! Elle n'avait pas envie de vivre dans la peur d'être attrapée chaque jours pour meurtre, car elle aurait été incapable d'expliquer qu'elle avait fait de la légitime défense avec ses pouvoirs. Du moins Roxy, elle elle n'avait pas servit à grand chose.